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Bataille entre Australie et Japon sur la chasse à la baleine

Australie et Japon vont s’affronter à compter du 26 juin devant la Cour internationale de justice, à propos de la chasse à la baleine dans les eaux antarctiques. Canberra accuse Tokyo de violer le moratoire international de 1986 qui interdit la chasse. Or, les Japonais assurent mener un programme de recherche scientifique.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un bateau pneumatique de l'organisation Sea Shepherd s'oppose à la chasse d'un baleinier japonais durant la campagne 2012-2013. (Sea Sheperd)

C’est en 2010 que l’Australie a saisi la Cour internationale de Justice. Elle accuse le Japon de violer ses obligations internationales en continuant la chasse à la baleine en Antarctique. Une chasse que les Japonais pratiquent sous couvert d’un programme de recherche scientifique. C’est d’ailleurs le seul axe qui permet de se soustraire au moratoire de 1986 sur la chasse qui interdit toute capture.
 
Les Japonais ont attaqué leur deuxième programme Jarpa. Or, au cours de Jarpa I, entre 1987 et 2005, 6.800 petits rorquals communs ont été tués par les bateaux nippons. Canberra précise qu’avant le moratoire de 1986, la totalité des captures s’élevait à 840 baleines tuées.

En 2005, Tokyo a démarré Jarpa 2, toujours avec l’objectif de démontrer qu’une chasse est possible, sans menacer l’espèce. Durant les audiences, le Japon entend bien démontrer son bon droit, a déclaré Fumio Kishida, le chef de la Diplomatie nippone.

Mais ces campagnes «scientifiques» sont aussi éminemment commerciales. Car la chair des baleines se retrouve bien sur les étals.
Treize rorquals communs et 2600 petits rorquals communs ont été tués. Jusqu’à présent, aucune baleine à bosse, espèce très menacée, n’a été capturée.
 
Une campagne dérangée par Sea Shepherd
Un bilan de captures qui aurait pu être bien plus lourd sans l’activisme frontal de l’organisation Sea Shepherd. Deux bateaux ont harcelé les baleiniers japonais durant la campagne qui s’est achevée en mars, les empêchant de tirer sur les cétacés. Confrontation musclée, Sea Shepherd a porté plainte contre l’équipage d’un navire pour piraterie. Mais cet activisme a porté ses fruits.

L’organisation se félicite d’avoir limité les prises à 103 individus, soit 10% du quota. Un lien de cause à effet que reconnaît également le ministre nippon de l’Agriculture.
Et Sea Shepherd pense qu’une victoire à La Haye sera un grand pas pour le triomphe de leur cause.
  
Prise de conscience de l’opinion publique nippone ?
Quoi qu’il en soit, c’est au Pays du soleil levant que les mentalités semblent changer. Ici, on peut trouver en vente sur internet des sashimis à la viande de baleine. Elle est même consommée dans des écoles.

Or, suite à la plainte australienne, et au bruit médiatique qu’elle provoque, une société fait marche arrière. Sans doute inquiète d’une mauvaise publicité. Michinoku Farm, spécialiste de l’alimentation animale, vient de stopper la vente de ses croquettes pour chien à base de rorqual.
Peut-être que bientôt, les Japonais imiteront leur chiens et se priveront de la viande de cétacé.
 
Quant à la justice, la Cour internationale n’est pas prête de se prononcer. Les plaidoiries vont se dérouler jusqu’à la mi-juillet. Puis la décision sera mise en délibéré, et la décision finale va prendre plusieurs mois. Et, en cas de victoire de l’Australie, rien ne dit que le Japon respectera le moratoire. A l’image de l’Islande et de la Norvège qui poursuivent illégalement la pêche dans l’hémisphère nord.

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