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Le Japon s'ouvre un peu à l'immigration pour freiner son déclin démographique
Le Japon a perdu un million d'habitants en cinq ans. Et devrait en perdre près de 40 millions d’ici à 2065, révèlent les dernières prévisions du ministère japonais de la Santé. Le Premier ministre nationaliste Shinzo Abe refuse toujours l'immigration, mais les lois migratoires commencent à être assouplies pour répondre aux besoins du secteur de la santé et de la construction avant les JO de 2020.
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Au Japon, la population non seulement vieillit mais diminue rapidement. Pour la première fois, le pays a enregistré moins d’un million de naissances en 2016. 981.000 exactement, selon les chiffres publiés début avril 2017 par le National Institute of Population and Security Research. Jamais les statistiques nationales organisées depuis 1920 n'avaient recensé un si faible nombre de naissances. Parallèlement, le nombre de décès a atteint un sommet historique avec 1.296.000 morts sur un an.
Et ce déclin va considérablement s'accélérer dans les prochaines années du fait de la structure déséquilibrée de la pyramide des âges nippone. Le Pays du Soleil levant passerait, à en croire les démographes, de 127 à 88 millions d’habitants en 2050.
Déclin démographique
Le Japon perd chaque année l’équivalent d’une ville de 400.000 à 500.000 habitants, compte tenu du fait qu'il y a plus de morts que de naissances. Le recensement montre que la population baisse désormais dans 83% des municipalités qui structurent le Japon. Seules quelques grandes villes arrivent encore à maintenir leur population voire, dans de rares cas, à l'augmenter (principalement la région de Tokyo).
Malgré la volonté des autorités, aucune politique familiale n'a pour l'instant permis de redresser significativement les courbes démographiques de l'archipel. Selon le National Institute of Population and Security Research, qui dépend du ministère de la Santé, le pays passera sous la barre des 100 millions d'habitants en 2053.
Les baby-boomers ont 70 ans
Une politique volontariste pourrait légèrement relever le taux de fécondité (1,45 en 2015), mais il restera toutefois très inférieur au seuil de 2,07 enfants par femme qui permet selon les démographes un renouvellement des générations.
Déjà, les habitants de plus de 65 ans sont deux fois plus nombreux que les moins de 14 ans. En 2065, il n'y aura plus dans l'archipel que 1,2 actif âgé de 20 à 64 ans pour financer un habitant de plus de 65 ans. Aujourd'hui, ce taux de dépendance est encore à 2,1 actifs pour une personne âgée.
Face à ce déficit démographique, les autorités encouragent les personnes âgées et les femmes à travailler davantage. Les Japonais considèrent l'immigration comme une solution secondaire. Travailler plus demeure la solution privilégiée dans la culture japonaise. Mais cette solution ne sera pas tenable très longtemps vu que la génération du baby-boom se trouvera bientôt entièrement dans la catégorie des plus de 70 ans, à un âge où la vie active se fait plus difficile.
Le gouvernement de Shinzo Abe a, en accord avec la population, limité le recours à l’immigration mais pour combien de temps? Conscientes des enjeux économiques et sociaux que représente ce vieillissement accéléré de la population, les autorités s'ouvrent timidement à une immigration de travail.
Le nombre de travailleurs étrangers a augmenté de près de 20% en 2016. Le gouvernement répond à une pénurie de personnel dans des secteurs peu rémunérés, comme les soins aux personnes âgées. Dans le secteur de la santé, il est difficile de remplacer des humains par des robots, le gouvernement ouvre donc ses portes à des infirmières, des aide-soignantes philippines, malaisiennes, indonésiennes.
1,4% d'immigrés
Le Japon abrite actuellement 1,75 million d'étrangers, soit à peine 1,4% de la population. La communauté chinoise reste la plus représentée devant les Coréens et les Philippins.
Shinzo Abe assouplit sa politique en fonction des circonstances. Pour répondre, par exemple, aux besoins en main d'œuvre du secteur de la construction avant les jeux olympiques de Tokyo de 2020.
De nombreux Asiatiques travaillent au Japon avec des visas d’étudiants ou dans le cadre d’un programme gouvernemental dit «d’apprentissage». Shinzo Abe veut étendre de trois à cinq ans les visas accordés dans le cadre de ces programmes d’apprentissage, notamment dans la perspective des JO de 2020.
Aujourd'hui, avec un taux de chômage de 2,8%, le Japon fait face à une pénurie de main-d'œuvre sur fond de crise démographique. La forte croissance du nombre de robots dans l'archipel ne suffira pas à compenser le manque de travailleurs.
Tôt ou tard, le Japon sera contraint de s’ouvrir à l’immigration pour stopper le déclin de sa population.
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