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Les vies brisées des survivants de Fukushima

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Un tremblement de terre suivi d’un tsunami ravagent les côtes du Japon en mars 2011. La centrale nucléaire Fukushima Daiichi, fierté nationale, est en partie détruite.

Les personnes vivant près du site reçoivent l'ordre du gouvernement d’évacuer la région.
 
L’Etat déclare de nombreuses agglomérations (Futaba, Okuma, Iitate, Katsurao, Kawauchi, Naraha, Hirono, Minamisoma…), toutes dans la préfecture de Fukushima, zones inhabitables et ce, pour des années.
 
Mais pour combien de temps précisément ? Personne ne peut le dire aujourd’hui.
 
Alors, pour beaucoup d’anciens habitants commence le cauchemar. Ils ont déjà tout perdu et réaliser qu’ils ne pourront plus revenir chez eux représente une douleur insurmontable.
 
Certains tombent malades, d’autres sombrent dans le désespoir et se suicident quand ils réalisent que leur vie a été effacée à jamais. Tous errent comme des ombres.
 
 «C’est l’une des histoires les plus déchirantes que j’ai eu à couvrir», raconte le photo-reporter Damir Sagolj.
 
Vingt-et-une  photos de ce reportage, effectué entre septembre et octobre 2013, illustrent ce propos.

Quand le gouvernement a réalisé l’ampleur des dégâts et la menace radioactive, 300.000 personnes ont dû quitter la région. Abandonnant les villes, les villages et leurs vies.  (Reuters/Damir Sagolj)
 l ya quelques décennies, les citoyens de la ville de Futaba ressentaient une réelle fierté à accueillir une partie du complexe nucléaire de Fukushima Daiichi.
  (Reuters/Damir Sagolj)
Presque toutes les plages de la région de Fukushima sont interdites depuis le 11 mars 2011. (Reuters/Damir Sagolj)
En juillet 2013, après des mois de démentis, Tepco a admis que des centaines de tonnes d’eaux souterraines mélangées à des matières radioactives se répandent chaque jour dans la mer.
  (Reuters/Damir Sagolj)
Si certains croyaient pouvoir revenir deux semaines plus tard, les anciens savaient que ce drame auraient des répercutions sur plusieurs années. (Reuters/Damir Sagolj)
Fumio Okubo, un agriculteur de 102 ans, n’a pas voulu quitter le village où il avait vécu toute sa vie. Un matin, avant l'aube, il s'est pendu.
 
Mieko, sa belle fille qui vit en dehors de la zone d’exclusion, revient tous les jours dans la maison pour la nettoyer et nourrir le chien de Fumio. (Reuters/Damir Sagolj)
Si Fumio Okubo n’a pas voulu quitter la zone contaminée, des milliers de Japonais se sont retrouvés éparpillés dans tout le pays.

Deux ans et demi après la catastrophe, la plupart n’ont pas réussi à se reconstruire et à faire le deuil de leur passé anéanti. Ni morts mais pas vraiment vivants, ils errent entre deux mondes.  (Reuters/Damir Sagolj)
Certains ont trouvé refuge dans des écoles ou des salles de sport. La désorganisation et le chaos qui régnaient après la catastrophe a entraîné des erreurs de la part du gouvernement.
 
Iitate, l’un des plus beaux villages du Japon, a été désigné comme un lieu de repli pour les habitants qui vivaient proche de la centrale dévastée. Mais très vite, des études ont montré que ce village avait été hautement exposé à la radioactivité. (Reuters/Damir Sagolj)
Les déplacés ne considèrent pas ces logements de fortune aux murs en plastique et aux toits de tôles comme leur nouvelle demeure. Leur véritable «chez soi» est resté à jamais à l’intérieur de la zone interdite. (Reuters/Damir Sagolj)
Après la catastrophe, Hiroshi Masakura et beaucoup d’habitants de Tomioka ont été relogés dans une salle de sport au nord de la ville.
Pouvoir parler entre eux et avoir la visite de personnalités leur a, dans un premier temps, remonté le moral. Puis ils ont été relogés dans des maisons préfabriquées dans la banlieue d’Iwaki.
 
Comme la femme de Hiroshi, beaucoup ont sombré dans la dépression. A son arrivée dans le nouvel appartement aseptisé, Mme Masakura est tombée malade. Des maux d’estomac l’ont conduite à l’hôpital. Au bout de quatre mois, elle était morte. (Reuters/Damir Sagolj)
Environ 1.600 personnes sont mortes dans la préfecture de Fukushima en raison de la détérioration de leur santé. Les hôpitaux ayant fermé, ils n’ont pu y rester et beaucoup ont choisi de mettre fin à leur jour. (Reuters/Damir Sagolj )
Pourtant, certaines personnes évacuées conservent encore une lueur d'espoir et sont prêtes à rentrer elles, quel que soit le danger. Trop vieux, ils ne se préoccupent plus des répercussions que pourraient avoir les radiations sur leur santé.  (Reuters/Damir Sagolj)
Mais la grande majorité ne retournera pas dans cette zone interdite. Seul un petit nombre bravera les interdictions, comme Keigo Sakamoto, que certains considèrent comme un fou, alors que d’autres le voient comme un héros. Il est resté pour s’occuper des animaux errants.
 
Maintenant, il vit avec plus de 500 chiens, chats, lapins dans son ranch de montagne près de Naraha. Des vingt chiens, seuls deux sont dressés et peuvent cohabiter avec l’homme. (Reuters/Damir Sagolj)
Les villes abandonnées dégagent une ambiance de films fantastiques post-apocalypse. Totalement désertées, sauf par les sangliers sauvages… (Reuters/Damir Sagolj)
Le plus étrange est que les feux rouges ou les distributeurs de café fonctionnent toujours. (Reuters/Damir Sagolj)
Autorisés à rentrer provisoirement à Namie, Zenjuro et sa femme ont pu nettoyer les congélateurs de leur confiserie. Tous les gâteaux étaient en parfait état, car le gouvernement n'a jamais coupé l’électricité.  (Reuters/Damir Sagolj)
Le tsunami a créé des paysages surréalistes, avec des objets échoués dans des endroits improbables. (Reuters/Damir Sagolj)
Le programme de nettoyage des déchets radioactifs est long et cher. En attendant que le ministère de l'Environnement fixe un site qui pourrait les stocker sur le long terme, cela reste un problème.
 
Beaucoup sont abandonnés dans des terrains vagues, car les communes alentour ne veulent pas les prendre en charge. (Reuters/Damir Sagolj)
La sécurité, qui a bloqué les routes, ne laisse passer que les personnes possédant un sauf-conduit. 20.000 anciens résidents de Namie peuvent se rendre dans leurs maisons une fois par mois, mais ils ne peuvent pas y passer la nuit.  (Reuters/Damir Sagolj)
Par contre, les travailleurs qui décontaminent les sols et réparent les infrastructures peuvent se déplacer à l’intérieur de la zone d’exclusion. (Reuters/Damir Sagolj)
L'Organisation mondiale de la santé stipule que les enfants de Fukushima pourraient avoir un risque plus élevé de développer un cancer de la thyroïde. L’ONG Iwaki Radiation Citizen Centre NPO offre des examens de la thyroïde gratuits aux enfants. (Reuters/Damir Sagolj)

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