L'angoisse des Nord-Coréens de Séoul
La plupart des membres de la
communauté nord-coréenne ont laissé des proches, sur place. C'est le cas de Park
Chul-Joon, 23 ans. Il est arrivé en Corée du Sud en 2009, après être passé
clandestinement par la Chine. Et depuis un an, il est sans nouvelle de sa mère
et de sa sœur, en Corée du nord. "En ce moment, c'est difficile d'avoir des
nouvelles parce qu'ils ont renforcé la surveillance. Ils ont brouillé les appels
et puis il y a aussi un appareil qui détecte les communications. Si on appelle,
ils identifient la localisation et ils interpellent la personne qui téléphone.
Du coup, c'est difficile de s'informer sur la situation politique
là-bas ".
**Rares nouvelles
**
Avec le soutien d'organisations
humanitaires de Séoul, certains profitent des réseaux, pour entrer en contact
avec leurs familles. Mais c'est extrêmement rare et risqué. De toute façon, Kim
Mi-Yeon, une étudiante de 24 ans dont le père et le frère vivent à PyongYang,
sait pertinemment à quoi s'en tenir. "Comme j'ai vécu là-bas, je sais comment
ça se passe quand la situation est tendue. Les gens souffrent. Tous les
collégiens et les lycéens sont mobilisés pour préparer la guerre, ils font
beaucoup d'entraînements. On leur apprend que les Etats-Unis et la Corée du sud
ont constitué une alliance pour nous provoquer ". Le contraste est fort entre
les deux Corées. Au nord, l'état de siège, au sud, une apparente
sérénité.
**Kim Jong-Un inquiète
**
S'ils sont aujourd'hui réfugiés en
Corée du Sud, c'est parce qu'ils ont voulu fuir la dictature de la dynastie Kim,
donc les mots ne sont pas tendres pour le régime. Surtout ils s'inquiètent du
discours guerrier du leader nord-coréen.
"Kim Jong-Un est jeune et il ne
dispose que d'une expérience très limitée " détaille Kim Yun-Tae, le secrétaire
général de NKnet, le réseau pour la démocratie et les droits de l'homme en Corée
du nord. "En plus, il agit très souvent de manière provocatrice et complètement
irréfléchie. il est totalement imprévisible ". Les Nord-Coréens de Séoul
regrettent aussi la relative indifférence des Sud-Coréens. Mais pour Pak
Yoon-Si, 31 ans, il s'agit plutôt d'aveuglement. Cette étudiante estime qu'il ne
faut pas sous-estimer les menaces de PyongYang. "Jusqu'à l'année dernière, la
situation ne me semblait pas très grave. Mais cette fois, je ressens les choses
différemment. Car la Corée du Nord a attaqué l'île de Yonpiang et elle a aussi
coulé un bateau militaire ".
**Candidats à l'exil
**
Même si pour beaucoup, le
quotidien en Corée du Nord est insupportable, les rêves de fuite sont devenus de
plus en plus inaccessibles. Il y a 20
ans, An Chan-Il, professeur réputé de relations internationales à Séoul, est
parvenu à quitter le pays. Mais ces dernières années, la fuite est presque
mission impossible. "Depuis l'arrivée de Kim Jong-Un, les frontières sont
contrôlées beaucoup plus sévèrement. Sur la ligne de démarcation, il y a des
mines antipersonnel cachées dans le sol et aussi des clôtures électriques à 3300
volts. Donc, c'est compliqué. Et au niveau des frontières maritimes, les
garde-côtes n'hésitent pas à ouvrir le feu s'ils repèrent un bateau
clandestin ". Pour les plus chanceux, ceux qui parviennent à fuir la Corée du Nord, la situation reste souvent compliquée à Séoul. Victimes de
discriminations, la plupart dissimulent leurs origines nord-coréennes.
Impossible donc pour cette communauté de protester ouvertement contre le régime
de PyongYang.
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