L'élection du pape vue de l'intérieur par les cardinaux français

Ils n'ont pas le droit de dire
s'ils ont voté pour Jorge Bergoglio ou non : leur suffrage devra rester secret
pour l'éternité. Ils peuvent toutefois donner des détails sur ce qu'il s'est
passé immédiatement après l'élection du pape, après que le cardinal élu a prononcé la formule "accepto " ("j'accepte ").

Trois des quatre cardinaux
électeurs français se sont exprimés à ce propos jeudi matin : Mgr Barbarin, cardinal
archevêque de Lyon, Mgr Vingt-Trois, archevêque de Paris, et Mgr Ricard, archevêque
de Bordeaux, ont livré quelques informations. Seul Mgr Jean-Louis Tauran, celui
qui a prononcé la formule "Habemus Papam ", ne s'est pas
exprimé.

Un pape
"normal"

Les trois cardinaux
s'accordent sur le fait qu'il s'agit d'un pape "normal ". Ce dernier a
quelque peu sermonné ses pairs de l'avoir élu. Mais "pour nous ce
n'était pas une surprise, c'est quelqu'un que nous connaissons bien, que nous
aimons beaucoup depuis longtemps ", a déclaré Mgr Barbarin jeudi matin, interrogé sur Europe 1. "Immédiatement,
on voit que c'est quelqu'un qui aime les pauvres ". Une simplicité qui
transparaît à travers plusieurs anecdotes, comme celle que raconte Mgr
Barbarin, survenue dans les minutes qui ont suivi son acceptation :

"Il va
s'habiller en blanc, il revient, et nous devons tous le saluer, l'embrasser ou
lui rendre hommage. Avant toute chose, il a traversé toute la chapelle Sixtine,
est allé voir le cardinal Dias qui est malade et se déplace difficilement, il
l'a embrassé et a parlé avec lui longtemps ".

Pas de voiture
personnelle

L'archevêque de Bordeaux
Jean-Pierre Ricard raconte aussi que le nouveau pape a refusé de monter dans la
voiture personnelle qui avait été mise à sa disposition pour regagner la
résidence Sainte-Marthe après son apparition au balcon, pour prendre le bus
avec les autres cardinaux. Ce jeudi matin, le cardinal André Vingt-Trois a pris
son petit déjeuner à la table du nouveau pape. "Ca ne doit pas être
facile de vivre avec quelqu'un d'aussi ascétique !", a-t-il plaisanté. 

Le pape François a même insisté, ce jeudi matin, pour régler lui-même la note de l'hôtel où il était descendu à son arrivée à Rome, avant le conclave. "Il voulait récupérer sa valise et ses sacs (...). Il s'est arrêté à la réception, a salué tout le monde et décidé de régler la note de sa chambre ", a raconté le porte-parole du Vatican.