Cet article date de plus de quinze ans.

L'ONU parle de torture dans les prisons iraniennes

L'Onu a affirmé que les aveux de centaines d'Iraniens incarcérés après les élections avaient été obtenus sous la torture
Article rédigé par France2.fr
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Policiers sur des motos face aux manifestants dans les rues de Téhéran (20 juin 09) (© AFP/)

L'Onu a affirmé que les aveux de centaines d'Iraniens incarcérés après les élections avaient été obtenus sous la tortureL'Onu a affirmé que les aveux de centaines d'Iraniens incarcérés après les élections avaient été obtenus sous la torture

Les enquêteurs de l'ONU se fondent sur les propos des détenus et de leurs proches.

Des opposants au président réélu à Mahmoud Ahmadinejad, comme le candidat réformateur Mirhossein Moussavi, ont déjà accusé le régime de torture en prison, certains parlant même de viols.

L'Autrichien Manfred Nowak, rapporteur spécial de l'Onu sur la torture, a dit avoir signalé aux autorités iraniennes plus de 300 cas de maltraitance et de torture recueillis lors d'une enquête de spécialistes des droits de l'homme à l'Onu.

"Il s'agit principalement d'accusations de passage à tabac, de décharges électriques, de pressions psychologique et physique destinées principalement à obtenir des aveux d'opposition au régime", a-t-il dit.

"Elles sont assez cohérentes et plausibles pour que le gouvernement soit forcé de mener une enquête et me faire un rapport. Jusqu'à présent je n'ai reçu aucune réponse", a ajouté le rapporteur spécial de l'Onu.

Manfred Nowak a de nouveau demandé à Téhéran l'autorisation de se rendre en Iran pour enquêter lui-même, sans résultat jusqu'à présent.

Les preuves obtenues sous la torture sont inexploitables


Une grande part des témoignages rapporte des cas de torture dans la prison d'Evin, à Téhéran, ou dans le centre de détention de Kahrizak, dans la banlieue de la capitale.

Les autorités iraniennes ont reconnu que des manifestants avaient été torturés à Kahrizak et ont dit que le directeur du centre avait été mis en prison.

Les témoignages impliquent aussi des commissariats de police ou des responsables de la sécurité en Iran, a dit Manfred Nowak.

S'il est prouvé que des tortures ont été pratiquées afin d'obtenir des preuves, celles-ci seraient inexploitables dans les procès, selon les lois internationales.

"Des procès-spectacles"


L'Iran a incarcéré et jugé des dizaines de personnes pour espionnage et soutien à une "révolution de velours" lors de deux procès à Téhéran, plusieurs semaines après les manifestations ayant suivi la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad.

"Ces procès semblent être des procès-spectacles", a dit Manfred Nowak. "J'ai peur que les gens soient reconnus coupables sur la base d'aveux forcés", a-t-il ajouté.

Les enquêteurs de l'Onu ont rappelé que beaucoup de détenus n'avaient pas le droit de recevoir de visite, d'aide légale ou de traitement médical.

"Nous continuons à recevoir des rapports de morts en détention dont les familles n'ont que des informations fausses ou contradictoires sur la cause du décès", ont-ils dit dans un communiqué.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.