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La dimension stratégique de l’Outre-mer français

L’Outre-mer est d’une importance stratégique vitale pour la France. C’est ce que relève le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Epaulette d'un militaire français (DR)

C’est une vielle antienne mais elle est toujours d’actualité. Le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) vient de le rappeler à l’occasion de la publication d’un document préparatoire à l’actualisation du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, le 9 février. Intitulé La France face aux évolutions du contexte international et stratégique, le texte relève une évidence, le caractère éminemment stratégique des régions d’Outre-mer pour la sécurité nationale.

"Les départements et collectivités d’Outre-mer donnent à la France une surface mondiale de première importance (11 millions de kilomètres carrés de zone économique exclusive [ZEE], au deuxième rang derrière les Etats-Unis) et une présence dans trois zones stratégiques du globe, Pacifique, Amériques, Océan Indien", note le document.

Dans le Pacifique, avec la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis et Futuna, la France détient une zone économique exclusive de 6,9 millions de km2, dont 5,5 millions pour la seule Polynésie, ce qui représente d’énormes richesses halieutiques mais aussi minérales encore non exploitées.


"Le maintien de la sécurité dans la zone caraïbe est indispensable"
"La Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française confèrent à la France un statut d’Etat riverain qui lui donne accès à de nombreuses organisations régionales (Commission du Pacifique Sud, Forum des pêches…)", précise le texte. "Nos forces prépositionnées permettent de faire valoir nos intérêts nationaux et de souveraineté".

La zone Antilles-Guyane est d’une importance stratégique essentielle avec le Centre spatial guyanais de Kourou, "port spatial de l’Europe". Concernant la Guyane, dont la superficie est à peu près égale à celle du Portugal, on peut noter aussi que ce territoire possède un formidable potentiel, encore inexploité, en particulier sur le plan minier (or) et agricole. Sur ce dernier point, seuls 0,3 % des surfaces sont utilisées. En outre, des recherches ont attesté de la présence de grandes quantités de pétrole au large des côtes guyanaises, dont l’exploitation devrait démarrer dans une dizaine d’années.

Cependant, le document préparatoire déplore l’insécurité qui règne dans la zone, due à l’existence de nombreux trafics internationaux : stupéfiants (400 tonnes de cocaïne sur une production annuelle mondiale de 800 tonnes), blanchiment d’argent et réseaux d’immigration clandestine. "Le maintien de la sécurité dans la zone caraïbe est indispensable pour éviter la constitution de zones de non-droit en partie dues aux grands cartels de la drogue. La présence de nombreux ressortissants français et européens impose de disposer en outre de moyens de protection et d’évacuation rapides en cas de crise", note le texte.


Les Terres australes et antarctiques : importance militaire et scientifique
Quant à l’océan Indien, où les facteurs d’instabilité sont nombreux, il est «au cœur d’enjeux stratégiques pour la sécurité mondiale et représente une zone essentielle pour le commerce international». Le document du SGDSN relève que la Réunion et Mayotte constituent des pôles de prospérité dans cet environnement. "En tant que puissance riveraine, la France est naturellement impliquée dans le maintien de la stabilité de la zone, où elle développe un espace francophone hérité de l’histoire. La liberté des voies de circulation, la lutte contre la piraterie ou contre l’immigration illégale constituent des défis importants", conclut le texte.

Le document mentionne aussi les "ressources halieutiques considérables" des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf). Précisons également que les Taaf (2,39 millions de km2 de zones économiques exclusives) ont une importance militaire (bases permanentes) et scientifique (recherches météorologiques, biologiques et environnementales) déterminante. Chaque année, plus de 200 chercheurs français et étrangers travaillent sur une soixantaine de programmes dans cette zone.

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