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La mondialisation redistribue les cartes dans la douleur
Si la mondialisation a permis à 700 millions de Chinois, d’Indiens ou de Brésiliens... de sortir de la pauvreté, elle a fait chuter les revenus et l’emploi des classes populaires aux Etats-Unis et en Europe. La victoire du Brexit, la poussée de Donald Trump aux USA et la montée des populismes en Europe montrent qu’elle est rejetée par les laissés-pour-compte de la «mondialisation heureuse».
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La mondialisation devait, selon les économistes libéraux, être bénéfique à tous, mais a-t-elle tenu ses promesses? Les vieux pays industriels – Grande-Bretagne, Etats-Unis, ou France – ont longtemps profité de leur avance technologique, mais la globalisation a fini par redistribuer les cartes. Dans ces pays, le libre-échange généralisé n’a plus vraiment la cote.
Mauvais pour l'emploi industriel
Les délocalisations massives d’usines en Chine ou au Mexique ont été ravageuses pour l’emploi industriel en Europe et aux Etats Unis.
Le fait que l’ouvrier chinois de Shenzhen ou l’ouvrière textile du Bangladesh ne bénéficie d’aucune protection sociale a un impact certain sur l’emploi de l’autre côté de la planète.
Bon pour le pouvoir d'achat
Certes, la mondialisation a amélioré le pouvoir d’achat du consommateur occidental, qui peut désormais s’offrir un téléphone, une télévision ou un ordinateur fabriqués en Chine à moitié prix. Mais ceux qui ont perdu leur emploi dans l’industrie automobile, la sidérurgie ou la chimie voient sans doute les choses autrement. Entre 1995 et 2010, le Royaume-Uni a perdu 28% de ses emplois industriels, les Etats-Unis et le Japon 21%. L’industrie française a perdu un million d’emplois depuis 2001. Les starts-ups et les services n'ont pas nécessairement pris le relais.
Endettement massif
Le déplacement de l’atelier du monde vers la Chine a fait chuter la croissance du Japon et des pays européens sur la durée, faisant apparaître des déficits commerciaux importants, longtemps masqués par un endettement massif tant des Etats que des ménages. En France, le service de la dette est devenu le premier poste budgetaire du pays. L'équivalent de l'impôt sur le revenu va au remboursement de la dette. Ce qui manquera à l'investissement et à la croissance.
La montée en gamme de la Chine dans les trains à grande vitesse, le nucléaire ou les satellites ne laisse espérer aucun répit aux Occidentaux. Les pays émergents vont continuer à conquérir des parts de marché dans le cadre de la nouvelle spécialisation internationale. La Chine est devenue la deuxième économie mondiale derrière les Etats-Unis. A ce rythme, les pays émergents devraient peser quelque 65% du PIB mondial en 2025.
La Chine achète les technologies
Pour la seule année 2016, la Chine a jeté son dévolu sur les robots allemands Kuka, la machine outil Krauss Maffei, la transformation des déchets EEV Energy Waste. En France, les groupes chinois sont entrés au capital du Club Med, de PSA Peugeot Citroën, de GDF Suez, d’EDF(projet Hinkley point), les terres agricoles et les vignobles ne sont pas épargnés.
Rapidement, des pays comme la France n’auront plus que les biens technologiques ultrasophistiqués, le luxe, l’immobilier, l'agriculture et le tourisme pour faire tourner leurs économies.
Cette nouvelle spécialisation internationale se traduit partout par un accroissement des inégalités entre gagnants et perdants de la globalisation.
Si la mondialisation crée des richesses supplémentaires, elle prend des revenus aux uns pour les donner aux autres, ce qui ne manque pas d’exacerber les tensions entre les «nouveaux pauvres du Nord» et les «nouveaux riches du Sud».
A l’intérieur même de chaque pays, la globalisation est une formidable machine à fabriquer des gagnants et des perdants suivant qu’ils ont été formés aux métiers d’avenir ou à ceux du passé.
Les propriétaires s'enrichissent
Même l’accès au logement est devenu plus inégal. La mobilisation de l’épargne au niveau mondial a fait baisser les taux d’intérêts, poussant les prix du marché immobilier dans les grandes villes. A New York, Londres, Paris et dans nombre de capitales, le prix des logements est devenu une redoutable source d’inégalités. Difficile de se loger sans se jeter dans le surendettement chronique, au risque, comme on l’a vu aux Etats-Unis avec les subprimes, de précipiter le monde dans la récession.
Classe ouvrière en souffrance
Pour l’économiste américain Joseph Stiglitz, la mondialisation sert les multinationales, les banques et les plus riches. Pour les classes moyennes et populaires des pays du Nord, la mondialisation n’a pas amélioré leur vie. «Aux Etats-Unis, hormis les 10% les plus riches, les revenus du reste de la population stagnent depuis 30 ans.» «Le revenu médian des travailleurs de sexe masculin est plus bas (hors inflation) qu’il ne l’était il y a 42 ans», affirme l’économiste américain. Et «au bas de l’échelle, le niveau des salaires est comparable à ce qu’il était il y a 60 ans.» Entre 2005 et 2014, 37% des français ont vu leur leur revenus augmenter, 30% au Royaume Uni, 19% aux Etats Unis.
Inégalités salariales records
Au Royaume-Uni, les dirigeants des grandes entreprises et les banquiers de la City gagnaient en 2015, 150 fois plus que leurs employés. En 1997, ce rapport s’établissait à «seulement» 47 fois. En moyenne, un patron américain gagne 200 fois plus que ses salariés.
Aujourd’hui, la robotisation de la production et les imprimantes 3D laissent espérer une relocalisation de l’industrie en Europe comme aux Etats-Unis. Mais même dans ce domaine, l’Asie a pris une longueur d’avance. Avec 68.000 robots industriels, la Chine occupe la première place devant la Corée du Sud (37.000) et le Japon (35.000). Viennent ensuite les Etats-Unis (27.000) et l’Allemagne (20.000).
Révolution robotique
Une nouvelle révolution industrielle basée sur l'internet des objets et «l'usine intelligente» est en marche. Si les électroniciens, informaticiens et spécialistes de l’intelligence artificielle (qui vont fabriquer ces robots) seront les prochains gagnants de cette révolution robotique, les salariés de la vieille économie ont de quoi s’inquiéter.
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