Cet article date de plus de treize ans.

Le bilan des civils tués par les forces syriennes lors de manifestations anti-régime s'est alourdi vendredi à treize

Des milliers de Syriens se sont de nouveau rassemblés à Hama, haut lieu de la contestation contre le président Bachar al Assad où les ambassadeurs américain et français à Damas se sont rendus pour manifester leur "sollicitude".D'autres manifestations ont eu lieu dans le pays, dans la capitale, à Deraa (sud) et à Homs (centre).
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Des manifestants anti-régime défilent dans les rues de Hama, ville située au nord de Damas, le 8 juillet 2011. (AFP PHOTO/YOUTUBE)

Des milliers de Syriens se sont de nouveau rassemblés à Hama, haut lieu de la contestation contre le président Bachar al Assad où les ambassadeurs américain et français à Damas se sont rendus pour manifester leur "sollicitude".

D'autres manifestations ont eu lieu dans le pays, dans la capitale, à Deraa (sud) et à Homs (centre).

Des images diffusées vendredi sur Internet montrent une foule très importante sur la place de l'Oronte et des manifestants brandissant une longue bannière aux couleurs de la Syrie.

"Plus de 450.000 personnes ont manifesté" sur la place al-Assi et dans les rues adjacentes, a affirmé Abdel Karim Rihaoui, chef de la Ligue syrienne des droits de l'Homme, soulignant qu'"aucune présence des forces de sécurité n'a été signalée".

Plus tôt dans la semaine, les Etats-Unis avaient exhorté le régime syrien à retirer ses troupes massées aux portes de Hama, redoutant un bain de sang comme en ont connu plusieurs autres villes rebelles. Au moins 25 civils ont déjà perdu la vie à Hama depuis mardi.

"Non au dialogue"
Les militants pour la démocratie avaient appelé à manifester ce vendredi sous le slogan "Non au dialogue" avec le régime de Bachar al-Assad, plus de 1.300 civils étant morts depuis le début de la révolte, le 15 mars, selon des ONG.

"Non au dialogue : quel dialogue quand le sang a été versé ? Quel dialogue quand les villes sont assiégées ? Le peuple veut la chute du régime", ont écrit les militants sur leur page Facebook intitulée "La Révolution syrienne 2011".

A "Hama, continuez de vous mobiliser, les lâches (ndlr, les autorités) n'oseront pas (tirer à balles réelles) en présence de l'ambassadeur américain", ont-ils ajouté.

Des centaines d'habitants ont fui la ville de Hama jeudi, à la veille de ces nouvelles manifestations. Au total, une centaine de familles, environ un millier de personnes, ont quitté la ville pour al-Selmiya, à une trentaine de kilomètres plus loin, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

Le 1er juillet, une manifestation anti-régime avait rassemblé plus d'un demi-million de personnes à Hama, selon les militants. Les services de sécurité ne sont pas intervenus mais le gouverneur a été limogé le lendemain par décret présidentiel.

Hama est depuis 1982 un symbole historique, après la répression d'une révolte du mouvement interdit des Frères musulmans contre le président Hafez al-Assad, père de Bachar, qui avait fait 20.000 morts.

L'armée a imposé un "couvre-feu" dans la région de Jabal el-Zawiya (province d'Idleb), où le régime poursuit ses opérations militaires durant lesquelles environ 300 personnes ont été arrêtées ces dernières 48 heures, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

Le CICR obtient un accès plus étendu en Syrie
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a fait état vendredi d'une extension de ses opérations en Syrie grâce à l'accord négocié il y a deux semaines avec Damas pour son accès sans entrave aux villes du pays.

A Deraa, ville du Sud où la révolte contre le président Bachar al Assad a débuté à la mi-mars, des responsables de l'agence humanitaire ont distribué avec le Croissant-Rouge syrien 12.000 colis de nourriture et 3.000 boîtes de lait pour bébé.

Le CICR a également pu circuler dans les villes de Djisr al Choghour et de Khirbat al Djouz, dans la province septentrionale d'Idlib, près de la Turquie, où il a évalué les besoins de la population. L'agence humanitaire a également distribué vivres, couvertures, médicaments et autres produits dans une vingtaine de villages de la région.

Damas dénonce la présence de l'ambassadeur américain à Hama
Damas a dénoncé dans cette visite une incitation à la violence et y voit la preuve que Washington joue un rôle dans le soulèvement.

L'ambassadeur des Etats-Unis à Damas s'est rendu vendredi à Hama. "L'ambassadeur Ford voulait voir de ses propres yeux ce qui se passe sur le terrain. Le fait que les médias internationaux ne puissent pas couvrir librement (les événements) rend cela encore plus important", a affirmé l'attaché de presse de l'ambassade américaine à Damas.

Sa visite a suscité l'ire des autorités syriennes, selon lesquelles les Etats-Unis sont "impliqués" dans le mouvement de contestation et "incitent à faire monter (la tension), ce qui nuit à la sécurité et à la stabilité en Syrie".

Le Quai d'Orsay a fait savoir vendredi que l'ambassadeur de France en Syrie, Eric Chevallier, était également allé à Hama jeudi, où il a passé la nuit, afin de "manifester la sollicitude de la France à l'égard de la population syrienne".

"La France rappelle sa préoccupation pour le sort des habitants de la ville de Hama et sa condamnation des violences exercées en Syrie par les autorités contre les manifestants et la population civile", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Les diplomates se sont notamment rendus dans un hôpital de la ville où des blessés ont été admis cette semaine après des violences qui ont fait au moins 26 morts selon les militants.

Face à la poursuite de la répression sanglante de la révolte, le patron de l'ONU Ban Ki-moon a estimé que "les tueries doivent cesser", alors que le chef de la diplomatie française Alain Juppé a jugé "inacceptable" que le Conseil de sécurité ne puisse condamner la répression du fait de l'opposition de Moscou.

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