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Le Pakistan a annoncé lundi une enquête pour savoir comment Oussama Ben Laden a pu vivre impunément à Abottabad

En revanche, par la voix de son Premier ministre Yousuf Raza Gilani, Islamabad estime qu'il ne peut être tenu pour "seul comptable des erreurs des autres", visant implicitement les Etats-Unis."Al Qaïda n'est pas née au Pakistan", a lancé M. Gilani en réponse à Washington, sur une éventuelle complicité de son pays.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Militaires et policiers empêchent les curieux d'approcher du lieu où s'est caché Ben Laden et où il a été tué (AFP - Aamir QURESHI)

En revanche, par la voix de son Premier ministre Yousuf Raza Gilani, Islamabad estime qu'il ne peut être tenu pour "seul comptable des erreurs des autres", visant implicitement les Etats-Unis.

"Al Qaïda n'est pas née au Pakistan", a lancé M. Gilani en réponse à Washington, sur une éventuelle complicité de son pays.

"Nous sommes déterminés à savoir par tous les moyens comment, quand et pourquoi Oussama Ben Laden était présent à Abottabad, l'une des villes de garnison dans le nord du Pakistan. Une enquête a été ordonnée. Elle sera conduite par le général pakistanais Javed Iqbal", a annoncé le Premier ministre Yousuf Raza Gilani devant l'Assemblée nationale.

Mais, a-t-il martelé, "qui est responsable de la naissance d'Al Qaïda" dans les années 1990 ? "qui est responsable pour avoir bâti le mythe de Ben Laden ?", dans une allusion à peine voilée aux Etats-Unis.

"Il est nécessaire de rappeler à la communauté internationale la décennie des années 1990 qui a vu les volontaires arabes rejoindre le jihad, mouvement qui s'est transformé en Al Qaïda", a ajouté le Premier ministre.

Les jihadistes afghans ont combattu et poussé au retrait l'Armée rouge dans les années 1980 grâce à l'aide financière et à l'armement de la CIA, par l'intermédiaire des services de renseignements du Pakistan.

"Nous n'avons pas invité Ben Laden au Pakistan, ni même en Afghanistan", a déclaré le chef du gouvernement, dont le pays est en proie aux accusations de complicité au plus haut niveau de la part de Washington, et d'incompétence de la part d'une opinion publique très majoritairement anti-américaine.

Les Pakistanais considèrent majoritairement que la vague d'attentats meurtriers qui ensanglantent leur pays est "une guerre importée" par les Etats-Unis qui n'ont pas réussi à vaincre Al Qaïda lors de l'invasion de l'Afghanistan fin 2001 et ont laissé ses combattants et ses cadres fuir au Pakistan voisin.

"A cette époque, nous avions prévenu les forces internationales des conséquences d'une mauvaise campagne militaire qui pourrait mener à la dispersion des forces d'Al Qaïda", y compris au Pakistan, a déclaré M. Gilani.

"Ce n'est pas sincère que d'accuser le Pakistan ou ses institutions, y compris l'ISI et les forces armées, d'avoir été de mèche avec Al Qaïda, car Al Qaïda et ses alliés ont mené des centaines d'attentats suicide" dans tout le Pakistan, a poursuivi le chef du gouvernement, qualifiant d'"absurdes" les soupçons, émis essentiellement par Washington, sur des complicités au sein de l'ISI et de l'armée pour expliquer la présence de Ben Laden à Abbottabad.

"Oui, il y a eu un échec des services de renseignements, mais pas seulement des nôtres. C'est l'échec de toutes les agences de renseignement du monde", a estimé M. Gilani.

"Aucune autre nation n'a porté (comme le Pakistan) le fardeau de la communauté internationale", a-t-il poursuivi, évoquant la mort de "quelque 30.000 hommes, femmes et enfants et de plus de 5.000 soldats" depuis fin 2001 dans la lutte contre le "terrorisme".

A l'été 2007, à l'unisson de Ben Laden en personne, les talibans pakistanais, qui avaient fait allégeance à Al Qaïda, ont décrété le jihad à Islamabad pour son soutien à Washington et lancé une vague d'attentats.

Depuis près de quatre ans, près de 4.300 personnes ont péri au Pakistan dans plus de 450 attentats, selon une estimation de l'AFP basée sur la compilation des bilans officiels.

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