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Le pape François présente ses réformes pour changer l'Eglise

Le pape François a rendu public mardi matin le premier grand document de son pontificat. Dans cette exhortation apostolique appelée La joie de l'Évangile, le pape appelle à une réforme de l'Eglise à tous les niveaux, préconisant "une conversion de la papauté" et se disant "ouvert aux suggestions" pour un exercice de son ministère plus conforme à l'Evangile.
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Reuters)

Spéculation financière, ordination des femmes, rôle de l'Eglise... Le pape François a appelé mardi à une réforme tous azimuts et à une revitalisation de l'Eglise. Il a en effet rendu public un texte intitulé "Evangelii Gaudium " ("La joie de l'Evangile"), qui rassemble ses principales propositions pour faire des changements dans l'institution.

Le texte fait plus de 160 pages, et il est rédigé à la première personne. C'est donc Jorge Bergoglio, du vrai nom du pape François, qui s'adresse à ses fidèles, pour le premier document d'importance entièrement écrit de sa main. 

Un vrai programme

Et l'esprit du jésuite Jorge Bergoglio y est. "Ce que je veux exprimer ici a une signification programmatique et des conséquences importantes. J'espère que toutes les communautés feront en sorte de mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour avancer sur le chemin d'une conversion pastorale et missionnaire, qui ne peut laisser les choses comme elles sont ", martèle le pape.

Le texte, qui ne contient pas d'infléchissements doctrinaux, est concentré sur l'évangélisation, rôle, insiste-t-il, de tous les catholiques. Il donne des orientations à la suite de l'assemblée synodale d'octobre 2012 sur la Nouvelle évangélisation, mais, plus largement, livre le programme et les idées personnelles du pape.

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La place des femmes évolue peu

Attendu au tournant sur l'évolution de la place à donner aux femmes dans l'Eglise, il a affirmé qu'il fallait une présence féminine plus incisive dans l'Eglise, dans les lieux de décisions importantes. En revanche, mais cela n'est pas étonnant, il n'y a pas d'ouverture sur l'ordination des femmes : "le sacerdoce réservé aux hommes est une question qui ne se discute pas ", a-t-il tranché.

Pour Jean-Louis de la Vaissière, auteur du livre "De Benoît à François, une révolution tranquille", "il y a un appel assez concret à donner plus de responsabilité aux femmes. Ceci dit, il refuse assez nettement et sèchement l'ordination des femmes ".

 

"Sur le plan dogmatique, il y a des règles, et il est assez conservateur. Ce qu'il y en plus, c'est qu'il pardonne. Il ne va quand même pas être le porte-drapeau de l'avortement. Il est pape ", explique quant à elle Caroline Pigozzi, journaliste spécialiste du Vatican. 

Plus de collégialité

Le pape François a également donné ses consignes pour une réforme du fonctionnement de l'Eglise. "Et s'il veut faire des réformes, il les fera ", assure Caroline Pigozzi. Reprenant une idée du Concile Vatican II, il a plaidé pour plus de collégialité, en donnant plus d'autorité aux conférences des évêques.

"Je ne crois pas qu'on doive attendre du magistère papal une parole définitive ou complète sur toutes les questions ", remarque-t-il, répétant qu'il préfère le risque d'une "Eglise accidentée " à une Eglise "enfermée ".

Le dialogue avec l'islam

Il a aussi réaffirmé l'importance du dialogue avec les autres religions en consacrant plusieurs points à l'islam. Deux idées ressortent tout particulièrement. Dans un premier temps, le pape a demandé aux pays musulmans d'assurer la liberté religieuse aux chrétiens; mais il a ajouté : "Nous, chrétiens devons accueillir avec affection et respect les musulmans qui arrivent dans nos pays ". 

"Il veut clôre encore un peu plus la polémique de Ratisbonne en disant que le croyant musulman est absolument pacifique et son Dieu est un Dieu pacifique ", explique Jean-Louis de la Vaissière, faisant référence au tollé provoqué par les propos de son prédécesseur Benoît XVI à Ratisbonne, en Allemagne, où il avait sembler lier islam et violence.

"Cependant, il demande très fermement aux Etats musulmans de reconnaître des droits aux chrétiens, de leur laisser construire des Eglises, d'avoir les mêmes droits que les musulmans ont dans les pays occidentaux. Ca c'est un message très clairement imposé et qui peut ne pas être du goût de tout le monde, par exemple dans les monarchies du Golfe ", poursuit le journaliste de l'AFP. 

Une réelle évolution ? 

Les consignes du récent pape marquent-elles un réel changement dans la position de l'Eglise ? S'il cite Benoît XVI, Jean Paul II et Paul VI, le pape François prend tout de même certaines libertés par rapport aux magistères du passé.

Pour preuve, la conclusion de son document, tournée vers lui-même et sa propre remise en cause : "Je dois penser à une conversion de la papauté. Il me revient de rester ouvert aux suggestions orientées vers un exercice de mon ministère ". 

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 [null,null]["Evangelii Gaudium"](https://www.youscribe.com/catalogue/tous/evangelii-gaudium-2350880 ""Evangelii Gaudium"") publié par lucasroxo 

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