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Le président ivoirien élu Alassane Ouattara a donné mardi une "dernière chance" à Laurent Gbagbo pour partir

Il a appelé le chef d'Etat sortant à saisir sa "dernière chance" pour une "sortie de crise pacifique et honorable", en pleine explosion de violences à Abidjan, où les combats à l'arme lourde se sont étendus mardi.Des hommes armés ont tué 4 personnes. Ils seraient des pro-Gbagbo qui tenaient un barrage routier dans le quartier des Deux-Plateaux.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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A Abidjan, quartier d'Abobo, le 15 mars 2011, après les affrontements entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara. (AFP/ISSOUF SANOGO)

Il a appelé le chef d'Etat sortant à saisir sa "dernière chance" pour une "sortie de crise pacifique et honorable", en pleine explosion de violences à Abidjan, où les combats à l'arme lourde se sont étendus mardi.

Des hommes armés ont tué 4 personnes. Ils seraient des pro-Gbagbo qui tenaient un barrage routier dans le quartier des Deux-Plateaux.

Des insurgés favorables à Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, étaient quasiment maîtres, mardi, de la zone nord d'Abidjan. Ils menacent le pouvoir du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo.

Pour le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, les sanctions financières sont en train de porter leurs fruits et commencent à asphyxier Laurent Gbagbo.

Ces nouveaux combats mardi interviennent après une avancée des partisans d'Alassane Ouattara dans l'ouest du pays, et alors que l'Union africaine a confirmé la victoire de ce dernier à la présidentielle, déjà reconnue par une grande partie de la communauté internationale mais rejetée par le camp Gbagbo.

Jamais Abidjan n'avait connu des tels affrontements depuis le début de la crise née de la présidentielle de novembre 2010 qui menace de faire basculer le pays le plus riche de l'Afrique de l'Ouest francophone dans la guerre civile.

Alassane Ouattara vit retranché depuis fin 2010 au Golf hôtel d'Abidjan, sous blocus des forces de son rival et sous la protection des Casques bleus et de ses partisans.

Combats dans un quartier pro-Gbagbo à Abidjan
Des tirs à l'arme lourde avaient retenti lundi matin à Abidjan, près de la résidence du chef de l'armée pro-Gbagbo.

C'est la première fois que des tirs d'armes lourdes étaient rapportés dans le quartier de Yopougon, fief de Laurent Gbagbo, depuis le début de la crise née de la présidentielle de novembre 2010, qui a déjà fait près de 400 morts selon l'ONU.

Les tirs ont été entendus près de la résidence privée du général Philippe Mangou, chef d'état-major des forces armées fidèles au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo. Ils sont intervenus au lendemain d'une avancée des adversaires de Laurent Gbagbo dans l'Ouest.

Depuis mi-février, le quartier d'Abobo, dans le nord d'Abidjan, pro-Ouattara, est le théâtre de combats entre les deux camps. Samedi, les forces pro-Gbago ont lancé une offensive pour déloger les insurgés d'Abobo, faisant au moins une dizaine de morts. Mais cette opération n'a guère changé la situation sur le terrain, les insurgés gardant le contrôle d'une grande partie d'Abobo.

Les Forces nouvelles continuent leur avancée
Sur le front de l'ouest, les éléments des Forces nouvelles, ex-rébellion alliée à Alassane Ouattara, ont pris dimanche la ville de Doké, entre Toulépleu et Bloléquin. Depuis mi-février, les Forces nouvelles, qui tiennent le nord du pays depuis 2002, ont pris quatre localités de cette région frontalière du Liberia, leur prise majeure ayant été la ville de Toulépleu, le 6 mars.

L'objectif des forces pro-Ouattara est de prendre la ville de Bloléquin qui leur ouvrirait un accès au centre-ouest et au port de San Pedro (sud-ouest), le plus grand port d'exportation de cacao au monde.

Une centaine de soldats des Forces de défense et de sécurité, loyales à Laurent Gbagbo, ont déserté et trouvé refuge au Liberia après les combats à Toulépleu, ont indiqué des réfugiés ivoiriens dans ce pays où quelque 75.000 Ivoiriens ont fui les violences depuis le début de la crise, dont la moitié depuis un mois.

ONU: examen d'un rapport sur la situation
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a examiné lundi un rapport sur la situation en Côte d'Ivoire, qui appelle notamment à la mise sur pied d'une commission d'enquête internationale sur les violations des droits de l'Homme dans ce pays.

Le rapport de la haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, conclut "à une détérioration drastique de la situation" depuis novembre 2010. Selon le rapport, "les membres des Forces de défense et de sécurité loyales à Laurent Gbagbo ont fait un usage excessif et mortel de la force pour réprimer les opposants politiques, entraînant le pays dans la tourmente et créant un climat de suspicion, de peur et de répression".

"L'impasse politique existante (...) constitue une menace réelle pour la protection des civils", s'inquiète la haut commissaire qui appelle à la mise sur pied d'une "commission d'enquête internationale crédible et représentative" pour qu'elle enquête "de manière exhaustive" sur les "graves violations des droits de l'homme commises en Côte d'Ivoire , afin que "les coupables de telles violations soient tenus pour responsables" du point de vue pénal.

Un projet de résolution dans ce sens devrait être soumis au Conseil des droits de l'homme avant la fin de la session annuelle qui se termine le 25 mars.

Paris condamne les violences
La France
"condamne les violences" meurtrières samedi de forces de Laurent Gbagbo "contre des civils" dans le quartier d'Abobo à Abidjan et réclame que ce dernier quitte le pouvoir en Côte d'Ivoire, a déclaré lundi le ministère français des Affaires étrangères.

"La France condamne les attaques perpétrées contre l'ONUCI, notamment l'incendie d'un véhicule civil de l'ONUCI samedi à Abidjan, qui a blessé un soldat de cette force", a aussi déclaré lors d'un point-presse le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero.

"Laurent Gbagbo doit tirer toutes les conséquences" des décisions du Conseil de sécurité de l'ONU "et reconnaître l'élection du président (Alassane) Ouattara", a-t-il ajouté, en évoquant implicitement son retrait du pouvoir.

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