L’époque industrielle a arrêté le refroidissement des mers
Une nouvelle fois, des chercheurs, anglo-saxons et français (CNRS) notamment, mettent en avant l’impact climatique de l’époque industrielle, qui a débuté au XVIIIe siècle. Selon une étude publiée le 17 août 2015 par la revue Nature Geoscience, près de deux millénaires de refroidissement des mers auraient ainsi été supplantés par le réchauffement lié aux activités humaines.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont, pour la première fois, mené des analyses de sédiments marins dans le monde entier. Ils ont «reconstruit les variations de températures des eaux de surface» au cours des 2000 années passées, rapporte Le Monde. Notamment en étudiant des éléments extraits du zooplancton fossile enfoui dans ces sédiments.
Les scientifiques impliqués dans ces recherches ont utilisé des modèles pour examiner l’impact de plusieurs hypothèses sur les variations de température: variations de l’orbite de la terre par rapport au soleil, rayonnement solaire, volcanisme, gaz à effet de serre. Résultat : seule l’activité des volcans «a été en mesure de produire de manière convaincante le refroidissement observé dans les données», précise Hugues Goosse, professeur à l’université de Louvain (Belgique).
La faute aux volcans
Le nombre et l’intensité des éruptions volcaniques des derniers siècles auraient été la cause de ce phénomène, un communiqué du CNRS commentant l’information de Nature Geoscience. «Les fortes éruptions volcaniques ont pour effet un refroidissement de l’atmosphère durant quelques années, mais nos résultats montrent que lorsqu’elles deviennent plus fréquentes, elles induisent un refroidissement à long terme de la surface des océans», explique le Dr Helen McGregor, de l’université de Wollongong, en Australie, un des auteurs de l’article.
De fait, de grandes éruptions volcaniques peuvent temporairement influencer le climat en raison des aérosols soufrés et du dioxyde de soufre projetés dans l’atmosphère. Des éléments qui font écran aux rayons du soleil. Exemples : la colère du volcan Tambora (sur l’île indonésienne de Sumbawa) en avril 1815, dont les explosions furent entendus à 2000 km de là, et dont la fumée s’élève à 40 km de haut. «L’impact climatique est considérable. En Europe occidentale, la température moyenne chute de 3 degrés en 1816. C’est l’‘‘année sans été’’», raconte Le Temps. Avec des conséquences considérables sur les récoltes, ruinées par la pluie, voire la neige. «Le prix des céréales a doublé entre 1815 et 1817 des deux côtés de l’Atlantique», souligne Clive Oppenheimer, géographe à l’Université de Cambridge, cité par le journal suisse.
Plus près de nous, l’éruption du Pinatubo aux Philippines en 1991 aurait entraîné une diminution de 1 à 5 % du rayonnement solaire, provoquant une baisse des températures jusqu’à 0,5-0,6° pendant trois ans. Plus loin dans le temps, la période appelée «Petit Age glaciaire» par les historiens, qui a sévi dans l’hémisphère nord grosso modo entre le XIIIe et le XIXe, aurait été provoquée par plusieurs éruptions survenues dans la seconde moitié du XIIIe. Conséquences : des étés froids, une importante avancée des glaciers, des pluies incessantes, des famines… Les écrits et les œuvres d’arts du temps auraient évoqué ces dérangements climatiques. A commencer par les peintures du Flamand Brueghel.
Et puis il y a, depuis la mi-août 2015, le réveil brutal du volcan Cotopaxi, considéré comme l’un des plus dangereux du monde. Sera-t-il, lui aussi, capable de ralentir le réchauffement terrestre?
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