Les Frères musulmans ont participé dimanche au dialogue national avec le vice-président Omar Souleimane
Le projet de créer un comité incluant le pouvoir en place et des opposants pour préparer des réformes constitutionnelles est "insuffisant", a jugé Mohamed Mursi, dirigeant des Frères musulmans.
La place Tahrir, au Caire, restait occupée par des milliers de manifestants qui dorment sur place. De nombreux commerces ont rouvert dimanche.
Un dialogue inédit s'instaure
Les participants au dialogue entre le régime et l'opposition, incluant les Frères musulmans (le premier contact public entre le pouvoir et la confrérie en plus de 50 ans) ont convenu dimanche, au 13e jour de la contestation, de créer un comité pour préparer des amendements à la Constitution d'ici la première semaine de mars.
D'après le gouvernement, les participants se sont mis d'accord sur "une transition pacifique du pouvoir basée sur la Constitution". Le gouvernement propose la levée des restrictions imposées aux médias, l'ouverture d'un bureau destiné à recevoir les plaintes concernant les prisonniers politiques et le rejet de "toute ingérence étrangère dans les affaires égyptiennes".
Si les Frères musulmans ont critiqué les insuffisances des propositions gouvernementales, il semble qu'ils sont prêts à poursuivre le dialogue. "Nous sommes devant une nouvelle réalité, le régime est tombé, et c'est pourquoi on est allé au dialogue", a justifié Mohamed Mursi, haut responsable des Frères musulmans.
Selon un des participants, le vice-président égyptien Omar Souleimane a refusé l'appel de l'opposition à assumer les pouvoirs du président Hosni Moubarak, dont les manifestants réclamaient le départ pour le 14e jour consécutif.
Outre les Frères musulmans, les discussions ont réuni des représentants du parti Wafd (libéral), du Tagammou (gauche), des groupes de jeunes pro-démocratie ayant lancé le mouvement de contestation anti-Moubarak, ainsi que des figures politiques indépendantes et des hommes d'affaires.
Soutien de Washington au dialogue
Le président américain Barack Obama a réitéré dimanche son souhait de voir émerger une transition "ordonnée" et "significative" qui mène à l'avènement d'un "gouvernement représentatif" en Egypte. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait, elle, exprimé dimanche son soutien au dialogue engagé par le pouvoir égyptien avec les Frères musulmans, attendant de juger sur pièces le résultat.
Les manifestants empêchent les tanks de partir
L'armée a renforcé dimanche sa présence sur la place Tahrir, emblème de la contestation contre le président Hosni Moubarak dans le centre du Caire, lors du 13e jour du mouvement. La vie semblait doucement reprendre dans la capitale, où de nombreux commerces et banques ont rouvert. Sur la place Tahrir, les barricades formées par les anti-Moubarak, présents encore dimanche par centaines et rejoints petit à petit par des Cairotes sur la place, étaient toujours là, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Des dizaines de manifestants étaient toujours assis devant les chars de l'armée pour les empêcher de partir de Tahrir, où l'ambiance était calme et des centaines de manifestants se réveillaient après une nouvelle nuit dans des tentes improvisées, malgré le couvre-feu nocturne.
Les routes étaient remplies d'automobilistes et de piétons et les embouteillages étaient de retour tout comme les klaxons des voitures. Une messe a eu lieu devant un millier de fidèle à Tahrir en présence d'un cheikh arborant un exemplaire du Coran aux côtés du prêtre copte qui dirigeait la messe. "Une seule main, une seule main", répétaient les fidèles d'une seule voix.
Démission du bureau exécutif du Parti national démocrate
Samedi, , une annonce saluée par Washington comme une étape "positive" vers une transition démocratique. "En tant que président du PND, le président Moubarak a décidé de nommer Hossam Badrawi secrétaire général du parti", a indiqué la télévision publique.
Depuis le 3 février, les manifestations se déroulent dans le calme. Des affrontements entre policiers et manifestants antigouvernementaux durant les premiers jours de la contestation, puis entre militants pro et anti-Moubarak le 2 février avaient fait environ 300 morts et des milliers de blessés, selon l'ONU, un bilan non confirmé par d'autres sources.
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