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Les «marcheurs de l'ombre», parcours de migrants

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Jusqu’au 30 avril se tient à l’Arsenal de Metz la très belle exposition «L'Odyssée de l’errance» d’Olivier Jobard et Claire Billet.

Migrer, c’est traverser des frontières, changer de culture, s’adapter à des attentes souvent interminables, à l’urgence du départ, c’est aussi fuir, dormir le jour, dehors, à même le sol, parler une autre langue que la sienne… Au cours de leurs périples, les migrants perdent peu à peu tous leurs repères. Repères temporels, géographiques et culturels.
 
Pour qu’ils ne soient plus de simples statistiques, pour leur rendre leur part d’humanité, pour briser les clichés et nous «maintenir en vigilance», Olivier Jobard et Claire Billet proposent depuis plus de dix ans des reportages sur le phénomène migratoire. Des reportages qui s’efforcent d’aller au plus près de ces hommes, femmes et enfants.
 
Le photographe et la journaliste veulent rendre leur dignité à tous ces candidats à «l'exil, exit», selon leurs propres termes. Tous deux revendiquent une proximité sans concession avec tous les réfugiés: Kingsley, parti du Cameroun vers le Niger, Zarzis, un Tunisien embarqué sur un radeau de fortune, Ghorban qui a vécu 13 ans sous les tentes du pont du Canal St Martin à Paris, Marvin, Slah, Jaweed, Luqman…
 
Olivier Jobard a d’abord travaillé pour l’agence Sipa Press pendant 20 ans. Il est aujourd’hui membre de l’agence Myop. Il parcourt les routes des réfugiés pour représenter le phénomène migratoire. Désireux d’être au plus proche de la réalité, il les accompagne tout au long de leur odyssée. Olivier Jobard se veut plus qu’un simple observateur. Il souhaite que son travail permette à ces errants de se «réapproprier leur histoire».
 
Claire Billet, journaliste documentariste présente sur les zones de conflits depuis 10 ans, désirait aller au-delà du commentaire de l’actualité. Elle a alors décidé de se tourner vers le récit documentaire.
 
Ils travaillent ensemble depuis 2013.

De janvier à mi-août 2015, 30.000 migrants sont arrivés clandestinement sur l'île de Kos, en Grèce. Le reportage «Balkans Transit» retrace le périple d’Ahmad, jeune père de famille syrien et ex-commerçant, de sa femme Jihan, interprète dans une entreprise de gestion immobilière. Ils ont parcouru 4.000km, traversé clandestinement huit frontières et neuf pays pour emmener leurs enfants de Grèce en Suède dans l’espoir d’une demande d’asile.  (Olivier Jobard )
Ahmad attend sur le quai de la gare de Gevgelia (Macédoine) avec plusieurs centaines d’autres migrants que la police leur délivre un laisser-passez de trois jours. La majorité des migrants qui s'arrêtent à la gare sont Syriens. «Balkans Transit» a remporté le Prix spécial AFD/Libération du meilleur reportage photo. VOIR LE REPORTAGE  (Olivier Jobard )
«Lorsque j'ai rencontré Kingsley au Cameroun, il avait déjà tenté l'aventure (du départ, NDLR) deux ans auparavant, mais avait dû rebrousser chemin faute d'argent. Depuis cette tentative avortée, il avait fait des économies et obtenu un important soutien auprès de ses proches. De plus, il était désormais attendu en France depuis que son meilleur ami, Francis, avait réussi à immigrer légalement en épousant une touriste française. Kingsley était donc prêt à repartir».
  (Olivier Jobard )
«A une époque où le mérite est une vertu vantée par les hommes politiques, où la ‘‘prise de risque’’ et la ‘‘mise en danger’’ sont érigées en valeur étalon, je souhaite exposer, au travers de ce reportage, les difficultés d'un tel périple et mettre en lumière tout ce que ces migrants donnent -jusqu'à leur vie parfois- dans l'espoir d'une existence meilleure.» VOIR LE REPORTAGE
  (Olivier Jobard )
est le récit exceptionnel de cinq amis afghans sur le chemin de l'exil, de Kaboul à Paris en 2013. Claire Billet et Olivier Jobard ont partagé le voyage de ces clandestins pendant quatre mois. Bilan : 12.000km parcourus, six frontières passées clandestinement. (Olivier Jobard )
«Kotchok, sur la route avec les migrants». Documentant avec moult détails ce parcours, donnant la parole à chacun de ces «fuyards», un visage à ceux que l’info nous présente habituellement comme une masse anonyme, le photographe et la journaliste ont réalisé un reportage unique, un livre-vérité. (Olivier Jobard )

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