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Les Philippins rendent hommage à Cory Aquino

Des milliers de Philippins ont rendu hommage dimanche à l'ancienne présidente des Philippines, Corazon Aquino
Article rédigé par France2.fr
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A Manille, aux Philippines, le 1er août 2009: des fleurs en la mémoire de l'ancienne présidente, Corazon Aquino. (© AFP/TED ALJIBE)

Des milliers de Philippins ont rendu hommage dimanche à l'ancienne présidente des Philippines, Corazon AquinoDes milliers de Philippins ont rendu hommage dimanche à l'ancienne présidente des Philippines, Corazon Aquino

Ils se sont rendus dans une école catholique de Manille pour s'incliner devant la dépouille de l'héroïne de la révolution contre le régime de Ferdinand Marcos, morte samedi des suite d'un cancer à l'âge de 76 ans.

Elle fut la première femme à devenir chef d'Etat en Asie, de 1986 à 1992. La présidente Mme Arroyo a décrété 10 jours de deuil national.

La famille de Corazon Aquino, décédée après une lutte de seize mois contre un cancer du colon, ne souhaite pas de funérailles nationales et compte l'inhumer dans l'intimité mercredi, aux côtés de son mari Benigno, a déclaré leur fils. Selon ses proches, l'ancienne présidente est décédée aux premières heures de samedi à l'hôpital où elle avait été admise voici plus d'un mois. Ses cinq enfants étaient à son chevet lors de sa mort: "Notre mère s'est éteinte paisiblement à 3h18 (vendredi à 19h18 GMT) à la suite d'un arrêt cardio-respiratoire", a déclaré à la télévision publique son fils, le sénateur Benigno Aquino Jr.

A l'annonce du décès d'Aquino, des centaines de personnes ont afflué vers sa résidence, déposant des fleurs et des bougies. Nombre d'entre eux ont attaché des rubans jaunes à leurs voitures, ainsi qu'aux arbres près de chez elle.

Toujours à la tête de la protestation


Après son retrait de la présidence en 1992, celle que le magazine Time avait sacrée "femme de l'année" en 1986 se plaça à la tête d'un mouvement de protestation, en 1997, pour empêcher son successeur d'amender la Constitution afin d'autoriser plus d'un mandat présidentiel. En 2001, elle contribua au renversement du gouvernement du président Joseph Estrada, accusé de corruption et de mauvaise gestion. En 2005, elle avait réclamé la démission de la présidente Gloria Arroyo.

L'an dernier, juste avant Noël, elle s'était publiquement excusée pour avoir contribué à la chute d'Estrada. "Nous faisons tous des erreurs, s'il vous plaît, pardonnez-moi", disait-elle. Estrada, naguère son implacable ennemi, dira de ces excuses : "Ce fut le meilleur cadeau de Noël qu'on m'ait jamais fait".

"Que diable sais-je du métier de président ?"

Née le 25 janvier 1933 dans une ville agricole de la province de Tarlac, au nord de la capitale Manille, Corazon Sumulong Cojuangco était le 6e de huit enfants d'une famille aisée, sino-philippine, qui possédait une plantation de sucre et une banque.

Elevée dans une école religieuse, elle obtient un diplôme de mathématiques et de français au College Mount Saint-Vincent de New-York, aux Etats-Unis, où elle acquiert une connaissance intime de ce pays, ancienne puissance coloniale des Philippines.

Elle revient à Manille pour suivre des cours de droit en 1954, année où elle épouse Benigno Aquino, lui aussi héritier d'une grande famille, et auréolé d'exploits journalistiques pendant la guerre de Corée et étoile montante de la politique philippine.

Adepte de jardinage, des bonsaï, cette catholique fervente s'occupe alors de ses cinq enfants - quatre filles et un fils - et tient son rang de femme au foyer face aux amis politiques d'un mari très ambitieux.


Elle devient le chef de famille dès 1972 lorsque Ferdinand Marcos décrète la loi martiale et emprisonne immédiatement son principal rival, Benigno Aquino, pour l'empêcher d'accéder à une présidence que lui, Marcos, n'a plus constitutionnellement le droit de briquer.

Les huit années de prison puis d'exil qui suivent changent Benigno, mais surtout Corazon qui devient intransigeante sur le rétablissement des institution démocratiques, légaliste jusqu'à l'extrême, souffrant de voir son pays aux prises avec les assassinats inexpliqués, les exactions et les violations répétées des droits de l'Homme.

Elle prend le pouvoir le 25 février 1986, à l'issue de plusieurs journées de révolte du peuple, rejoint par une partie de l'armée, après une victoire électorale de Marcos, entachée de fraudes.

Mais sa présidence sera toutefois marquée par au moins six coups d'Etat militaires ratés et des désordres politiques. Elle échouera surtout à changer le système politique clanique dominé par une élite issus de grandes familles.

Réactions unanimes

Mme Arroyo, actuellement en visite aux Etats-Unis, a déclaré dans un message: "Aujourd'hui, les Philippines viennent de perdre un trésor national. Elle a contribué à ce que notre nation connaisse des jours meilleurs".

Le président américain Barack Obama lui a rendu hommage: "Son courage, sa détermination et son autorité morale sont une source d'inspiration pour nous et illustrent ce qu'a de meilleur la nation philippine". La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a indiqué de son côté que "Comme des millions de personnes dans le monde entier, Bill (l'ancien président américain Bill Clinton) et moi-même étions inspirés par sa force tranquille et son attachement inébranlable à la justice et à la liberté. Nous nous associons aux Américains et aux Philippins qui rendent hommage à sa vie et honorent sa mémoire".

Sa vieille rivale, Imelda Marcos, veuve de l'ancien président Ferdinand Marcos, revenue aux Philippines après la mort de son époux en exil, a déclaré: "Maintenant que Cory est près du Seigneur, soyons unis dans la prière pour le peuple philippin".

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