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Les restes d'un Français et de son amie mexicaine, disparus sous la dictature argentine il y a 34 ans,ont été identifiés

"Nous avons retrouvé mon frère et son amie", a annoncé mardi Eric Domergue. "Ils ont été identifiés. Après 34 ans de malheur, nous sommes soulagés de les retrouver et de savoir qu'ils auront vécu très peu de temps entre les mains de leurs assassins".Un hommage à Yves Domergue et Cristina Cialceta a eu lieu mercredi à Buenos Aires.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Yves Domergue en 1976. (AFP/HO-FAMILIA DOMERGUE)

"Nous avons retrouvé mon frère et son amie", a annoncé mardi Eric Domergue. "Ils ont été identifiés. Après 34 ans de malheur, nous sommes soulagés de les retrouver et de savoir qu'ils auront vécu très peu de temps entre les mains de leurs assassins".

Un hommage à Yves Domergue et Cristina Cialceta a eu lieu mercredi à Buenos Aires.

Cet hommage aux victimes s'est déroulé au siège du gouvernement argentin, en présence de la présidente argentine Cristina Kirchner, de Jean-Pierre Asvazadourian l'ambassadeur de France, d'Eric Domergue et d'un représentant de l'ambassade du Mexique. La présidente argentine Cristina Kirchner a appelé les parents de disparus victimes de la dictature à donner du sang pour faciliter l'identification. "Le droit à l'identité est un droit collectif", a-t-elle estimé. "Nous avons tous le droit de connaître l'identité de l'autre, même si cet autre ne veut pas le savoir", a-t-elle dit, en référence aux enfants de disparus qui parfois refusent de donner du sang pour récupérer leur identité.

"La France salue l'engagement des autorités argentines, ainsi que le travail et la mobilisation de l'organisation non gouvernementale Equipo Argentino de Antropologia Forense, de l'école N°425 de Melincue et de Jorge Basuino, sans lesquels cette découverte n'aurait pas été possible", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero. "Elle soutient les familles de nos autres compatriotes disparus dans leur quête de justice", a-t-il ajouté. La France "saisit l'occasion de cette découverte pour saluer une nouvelle fois la volonté politique des autorités argentines dans leur travail de recherche de la vérité", a-t-il précisé.

"L'hommage est mérité quand on sait qui il a été et quelle a été sa cause. Nous voulons que cela soit utile, qu'Yves représente un instant les 30.000 disparus" de la dictature (1976-1983), a déclaré son frère, citant les estimations des organisations des droits de l'Homme. Seulement près de 400 disparus ont été identifiés.

Yves Domergue est le deuxième Français disparu sous la dictature dont les restes ont été identifiés, après soeur Léonie Duquet. Seize autres Français ont été enlevés entre 1975 et 1978, dont trois avant le coup d'Etat de mars 1976.

Yves et Cristina, l'une des deux Mexicaines disparues en Argentine, avaient été enterrés anonymement le 29 septembre 1976 dans le cimetière de Melincué, village situé à 340 km au nord-ouest de Buenos Aires. Trois jours plus tôt, leurs corps avaient été retrouvés sur le bas-côté d'une route.

Des années de recherche
Il a fallu toute la perséverance des habitants de Melincué pour les identifier: celle de l'école qui a demandé à une classe de terminale de travailler sur l'affaire, du tribunal et d'un avocat, Rogelio D'Angelo, qui a relancé l'enquête.

En novembre 2008, le secrétariat aux droits de l'Homme de la province de Santa Fe a alerté Eric Domergue, qui a demandé l'exhumation des corps. Mais il a dû attendre encore une année et demi avant d'apprendre, le 5 mai, que l'un des corps était celui de son frère.

Né à Paris en 1954 au sein d'une famille catholique, Yves Domergue était l'aîné de neuf enfants. Ses parents se sont installés en Argentine de 1959 à 1974. Engagé au sein du Parti révolutionnaire des travailleurs, bras politique de l'un des mouvements de guérillas des années 70, Yves avait décidé de rester quand sa famille est partie.

Il se rendait souvent à Rosario, à 310 km au nord de Buenos Aires, où il avait recontré Cristina, née au Mexique en 1956. Elle vivait à Rosario avec sa mère argentine. C'est depuis cette ville qu'il a envoyé en septembre 1976 sa dernière lettre à son frère, rentré de France la même année pour retourner vivre lui aussi en Argentine.

Son père, Jean, avait dénoncé la disparition de son fils, y compris dans des enceintes internationales. Il a aussi créé l'Association de parents de disparus français.

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