Mort d'Abaaoud : "Une perte importante mais pas vraiment un coup dur" pour Daech
Il faisait partie des cibles visées par le Raid dans l'assaut lancé mercredi à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) contre des terroristes : la mort d'Abdelhamid Abaaoud a été confirmée jeudi par le procureur de la République de Paris dans un communiqué. Et pour Mathieu Guidère, spécialiste du Moyen-Orient, c'est "une bonne nouvelle ". Car Abdelhamid Abaaoud "n'est pas n'importe qui ". "C'est un chef de guerre, un artificier hors pair ", mais aussi un chef de propagande, puisqu'"il était en charge du recrutement des Francophones ", explique-t-il. "Enfin, c'est lui qui encadrait à la fois les combattants francophones de France, de Belgique, mais aussi d'autres pays dont la langue seconde est le français ", ajoute Mathieu Guidère.
Les cerveaux des attentats du 13 novembre "sont toujours en Syrie et en Irak"
Peut-on affirmer avec certitude qu'Abaaoud était le cerveau des attentats à Paris et Saint-Denis. "Certainement pas ", d'après le spécialiste du Moyen-Orient. "La planification ne vient certainement pas de lui. En revanche, il est clair qu'il est le chef des trois commandos, celui qui a équipé tous les kamikazes, qui a minuté, qui a été l'horloger de cette affaire-là ." Pour Mathieu Guidère, les cerveaux de l'opération du 13 novembre "sont toujours en Syrie et en Irak ".
Les six attaques simultanées menées à Paris et Saint-Denis doivent donc être comprises dans le cadre d'une stratégie globale de Daech, indique Mathieu Guidère : "Il y a un mois et demi, quand la Russie a décidé d'entrer en guerre en Syrie, il y a eu un accord entre les différents mouvements djihadistes pour arrêter leurs guerres intestines et se battre contre la coalition internationale ." Les attentats du 13 novembre s'inscrivent donc dans la "campagne internationale " que viennent de lancer les dirigeants de Daech pour "disent-ils, porter la guerre dans les profondeurs de l'ennemi ", d'après Mathieu Guidère.
"Une perte importante mais certainement pas un coup dur pour l'Etat islamique"
Quelques jours plus tôt, d'ailleurs, rappelle Mathieu Guidère, d'autres opérations conduites par d'autres chefs de même envergure qu'Abaaoud, ont eu lieu en Egypte, en Syrie, au Liban et en Turquie. Daech a ainsi "fait partir plusieurs de ces chefs de guerre artificiers exactement la même semaine. Ce n'est que la première vague qui a été annoncée". Si la mort d'Abaaoud est donc bien une "perte importante pour le sous-commandement de l'Est, c’est-à-dire de la Syrie ", ce n'est pour autant "certainement pas un coup dur pour l'Etat islamique en tant qu'organisation, " conclut-il.
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