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Arabie Saoudite : derrière le volant, le statut de la femme

Libérées après deux mois de prison, deux militantes saoudiennes interrogent leur société en remettant en cause l’interdiction aux femmes de conduire. Un historien saoudien vient de relancer le débat. Pour lui, il faut choisir entre conduire ou se faire violer.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Les Saoudiennes veulent pouvoir conduire. (Faisal Al Nasser/Reuters)

Loujaïn Hathloul et Maysaa Alamoudi croupissaient en prison depuis le 1er décembre 2014. Motif : Maysaa Alamoudi avait tenté d'entrer en Arabie  saoudite au volant de sa voiture en  provenance des Emirats arabes unis. Maysaa Alamoudi, journaliste et militante, s’était rendue à la frontière pour soutenir sa compatriote.  Elles sont immédiatement arrêtées : l’Arabie Saoudite est le seul pays au monde où les femmes ont l'interdiction de conduire.

 (Dernier tweet avant son arrestation le 1er décembre 2014, près de la frontière saoudienne)

Leur geste a eu le mérite de soulever la question du permis de conduire pour les femmes dans le royaume. Les réticences des conservateurs vont quelques fois jusqu’à l’outrance. Ainsi, lors d’un débat télévision, l’historien Saleh al-Saadoon propose un choix tout personnel : «conduire ou se faire violer, il faut choisir». La présentatrice lui demande pourquoi les femmes ne pourraient-elles pas conduire ? «Parce qu’elles risquent d’être attaquées sexuellement si leur voiture tombe en panne», croit savoir l’intellectuel. Et de conseiller aux femmes de demander à un membre masculin de leur famille de faire le chauffeur.
 
Signe que les femmes ne se laissent plus faire, la présentatrice lui rétorque qu’un membre de la famille peut aussi s’avérer un violeur. Sans se démonter, l’historien fait part d’une idée très originale : «La solution est d’engager des chauffeurs étrangers de sexe féminin pour conduire nos femmes». Et si ces dernières conductrices subissaient le même sort ? Pas très grave selon l’intellectuel qui laisse entendre que si les Occidentales conduisent  c’est  qu’«elles se soucient moins d’être violées».

 

L'historien laisse entendre que si les Occidentales conduisent  c’est  qu’«elles se soucient moins d’être violées».  (DR)

Les autorités sont partagées entre laisser un espace de liberté sur le plan sociétal et durcir les lois en vigueur pour couper l’herbe sous les pieds aux islamistes. Le Conseil royal, organe consultatif, avait laissé entendre qu’il voudrait permettre aux femmes de conduire, à certaines conditions. Les Saoudiennes de plus de 30 ans, non maquillées, pourraient prendre le volant avant 20 h. Elles devraient aussi porter une robe conservatrice. Elles pourraient être seules dans leur voiture, sauf à l'extérieur de la ville, où la présence d'un homme serait requise.

Condition sine qua non : pour se prévaloir de ce droit, elles devraient obtenir l'autorisation d'un homme.

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