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Syrie: reprise des pourparlers de Genève «sans illusions» selon de Mistura

Alors que les forces de Bachar al-Assad et ses alliés russes et iraniens poursuivent la reconquête des territoires tenus par la rébellion, un nouveau round de négociations pour une sortie du maelstrom syrien s’ouvre à Genève sous l’égide des Nations Unies.Mais de l’aveu même de l’émissaire de l’ONU, il n’y a pas d’illusion à se faire sur cette rencontre en l’absence totale de stratégie américaine.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
L'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, en conférence de presse à Genève le 22 février 2017, annonce qu'il n'attend pas de «percée immédiate» dans les nouveaux pourparlers entre le régime et la rébellion syrienne. (FABRICE COFFRINI/AFP)

C’est l’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie qui a donné le ton de Genève IV, quatrième round de pourparlers entre le régime syrien et différentes factions de la rébellion depuis janvier 2012.
 
Convaincu qu’ «il est temps d’essayer à nouveau» même s’il «ne se berce pas d’illusions», Staffan de Mistura a dit clairement ce que tout le monde pense confusément depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche.

Absence totale de perspective de l'administration Trump sur la Syrie 
«Je ne peux pas vous dire (si cela marchera) mais nous devons profiter de la tendance. Aucun cessez-le-feu ne peut durer sans solution politique», a déclaré, le 19 février 2017, le diplomate italo-suédois devant la conférence annuelle sur la sécurité à Munich.
 
«Ce qui me manque pour le moment, c’est une stratégie américaine claire» a ouvertement déploré Staffan de Mistura. «Où en sont les Etats-Unis (concernant une solution politique) ? Je ne peux pas vous le dire car je l’ignore», a-t-il reconnu dans la foulée.
 
Cette nouvelle manche de négociations, après les échecs successifs des médiateurs Kofi Annan et Lakhdar Brahimi, et des précédentes rencontres genevoises de 2012, 2014 et 2016, démarre en effet en l’absence totale de perspective de l’administration Trump sur le conflit syrien.
 
Hormis une demande au Comité des chefs d’état-major interarmées de soumettre en un mois un plan pour vaincre l’organisation de l’Etat islamique et une proposition de créer des zones de sécurité pour les civils syriens, déjà rejetée par Bachar al-Assad, la stratégie de Donald Trump pour la Syrie demeure floue.
 
Un flou mis à profit par Moscou, principal bouclier du régime, pour combler le vide de toute solution arabe ou internationale à la crise.

Des pourparlers sous influence moscovite 
Véritable vainqueur de la bataille d’Alep, derrière les forces loyalistes syriennes soutenues par les forces pro-iraniennes du Hezbollah et des milices chiites irakiennes, Vladimir Poutine a réussi à imposer le 30 décembre 2016 une trêve très relative.
 
Un accord parrainé à trois avec l’Iran et la Turquie qui a débouché sur deux séries de discussions entre des représentants du régime et une petite délégation de rebelles, en janvier et février 2017, à Astana au Kazakhstan.
 
Des discussions sans résultats tangibles, mais qui laissent toujours la part belle à la stratégie moscovite, «y compris dans la composition de la délégation de l’opposition», comme le souligne un diplomate occidental cité par le journal le Monde. Plus encore, la Russie a demandé au gouvernement syrien de stopper les bombardements aériens pendant la durée des pourparlers de Genève, selon l'émissaire spécial de l'ONU.
 
Les délégations des deux camps rivaux sont arrivées le 22 février à Genève. Celle du régime est emmenée par Bachar al-Jaafari, 61 ans, ambassadeur de la Syrie à l’ONU et farouche défenseur de l’idée que toute rébellion contre le régime relève du terrorisme et du complot étranger.
 
Celle de l’opposition est présidée, elle, par le médecin cardiologue de 40 ans Nasr al-Hariri, pour le Haut comité des négociations (HCN), et aura comme négociateur en chef Mohamad Sabra, avocat et déjà présent lors des deux dernières rencontres de Genève.

L'avenir de Bachar al-Assad reste l' écueil pour une solution négociée 
Même si, sous la double pression russe et turque, la rébellion a accepté de participer à des pourparlers politiques, pour Ahmad Ramadan, porte-parole de la Coalition Nationale de l’opposition «la principale question de cette session sera la transition politique». «La délégation de l’opposition va mettre l’accent sur une proposition visant à former un organe de gouvernance de transition», a-t-il précisé. Une manière pudique de réclamer le départ de Bachar al-Assad.
 
Une exigence qui reste, avec les multiples violations du cessez-le-feu par les forces du régime, le principal obstacle aux négociations. Le pouvoir à Damas refuse en effet catégoriquement de discuter de l’avenir du chef de l’Etat. Tout juste concède-t-il d’organiser des élections, une fois la paix revenue.
 
C’est sur ce même écueil que Genève VI et l'espoir d'une solution pour la population risquent de se fracasser à nouveau. Le chef de cabinet par intérim de De Mistura, Michael Contet, a confirmé que la résolution 2254 du Conseil de sécurité, qui appelle à «des négociations sur le processus de transition politique», restait le fondement des pourparlers de Genève entre gouvernement et opposition.
 
 
 

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