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Vue de l'espace, la pollution au Proche-Orient recule à cause des conflits

Les conséquences des crises et guerres qui frappent le Proche-Orient se mesurent depuis l'espace. Les satellites ont en effet constaté que la pollution avait reculé au-dessus de la région en raison de la baisse de l’activité économique liée notamment à la progression de l’Etat islamique. Une découverte plus qu’inquiétante pour les populations.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Camp de réfugiés yazidis en Syrie (2014). (Gail Orenstein / NurPhoto)

«Au dessus du Proche-Orient, brutal changement de la pollution atmosphèrique»... C’est sous ce titre qu’une équipe de chercheurs de l’institut Max Planck de Munich a publié une étude montrant que les émissions d’oxyde d’azote – en croissance régulière jusqu’en 2010 – ont brutalement baissé à cette date. Pourquoi ce recul de la pollution ?

Pour répondre à cette énigme, les chercheurs ont comparé les mesures de pollution recueillies par le satellite de la Nasa Aura au-dessus du Proche-Orient avec «les données économiques de la Banque mondiale et le calendrier des grands changements politiques et économiques dans la région», précise le site Gizmodo.

C'est en partant du croisement de ces données que l'équipe de chercheurs, dirigée par l'Allemand Jos Lelieveld, a montré que ce sont les crises politiques et la guerre qui ont fait… reculer la pollution. «Il est tragique que le recul du NO2 observé soit associé à des catastrophes humanitaires», ont écrit les chercheurs.
Première carte, entre 2005 et 2010, plus le rouge est important, plus la pollution à l'oxyde d'azote augmente. Deuxième carte, 2010-2014, plus le bleu est important, plus la pollution diminue.  (advances.sciencemag.org/)
Ces derniers ont ainsi pu observer à travers les données enregistrées à 700 km au-dessus de la Terre les effets des sanctions de l’ONU sur les transports maritimes en Iran, des mouvements de population en Syrie et au Liban ou ceux de la progression de l’Etat islamique en Irak. 

En se basant sur les mesure d'émissions de polluants directement liés à l’activité humaine, les chercheurs ont notamment pu observer l’activité au-dessus de Bagdad. Ainsi, dans la capitale irakienne, malgré les crises, l’activité économique a régulièrement progressé après 2005. Ce qui se traduisait par une hausse des dyoxides d’azote de quelque 10% par an. Mais après 2011, résultat inverse, preuve de l'ampleur des problèmes traversés par le pays.

L'équipe qui a mené ces travaux peut dire que l’économie des villes sous occupation de Daech est au point mort. Même effet avec la guerre en Syrie. «Depuis le soulèvement  de 2011 en Syrie, les émissions d'oxyde d'azote sur les villes syriennes de Damas et d'Alep ont chuté de 40% ou 50%», indique le rapport. A contrario, l’étude montre que là où des millions de Syriens se sont réfugiés... la pollution augmente.  

«Pour moi, personnellement, je pense que ce qui se passe au Moyen-Orient est vraiment, vraiment, dramatique», conclut le Dr Lelieveld.

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