Municipales en Espagne : la droite en tête, poussée des "indignés"
Avec près de 27% des suffrages, la droite espagnole a réalisé son pire score depuis 1991 lors des élections municipales et régionales de ce dimanche. Le Parti Populaire du chef du gouvernement Mariano Rajoy est talonné par l'autre grande formation nationale, le PSOE et ses 25%. Les listes anti-austérité et anti-corruption, avec les partis "Podemos" ("Nous pouvons") et "Ciudadanos" ("Citoyens") en leaders, réalisent une percée historique.
Le PP en tête, mais en perte de vitesse
Un vent de contestation a donc soufflé sur l'Espagne lors de ce scrutin, au cours duquel 35 millions d'Espagnols étaient appelés à renouveler les mairies, et les présidences de régions. Et les électeurs ont envoyé un message très clair à leur gouvernement conservateur : ils veulent un changement de politique.
Le Parti Populaire termine certes en tête du scrutin avec un peu plus du quart des suffrages, et conserve la majorité dans la plupart des régions. Mais il sera contraint de sceller des alliances. 27%, c'est dix pionts de moins que ses 37,5% obtenus en 2011, lors des dernières élections. Résultat : ce sont bien les formations de gauche qui s'imposent dans les esprits.
Si la participation est en légère baisse part rapport à 2011, elle augmente en revanche dans les places fortes de la contestation anti-austérité : au pays Basque, à Barcelone et à Madrid. Une hausse qui profite aux indignés, au détriment du bipartisme espagnol.
La gauche frappe fort, Madrid et Barcelone pourraient basculer du côté des "indignés"
Le Parti socialiste espagnol PSOE, formation historique, réalise un bon score avec 25% des voix. Et là où il ne s'impose pas, il pourra jouer le rôle d'arbitre dans le jeu des alliances qui s'annonce un peu partout dans le pays.
Dans la ville de Barcelone, capitale de la Catalogne, le camp des "indignés" l'emporte d'une courte tête. Ada Colau, la candidate de "Barcelona en Común" ("Barcelone en commun", une coalition de la gauche anti-austérité), remporte 11 siège devant Xavier Trias, le maire conservateur sortant issu de la formation Ciu, qui s'adjuge 10 sièges. Le nouveau parti "Ciudadanos" gagne 5 sièges. Ada Colau, 41 ans, chef de fil d'un mouvement anti-expulsions locatives, a fait toute sa campagne sur les thématiques sociales. "C'est une victoire de David contre Goliath", a-t-elle commenté à l'issue du scrutin.
A Madrid, le "match" a finalement tourné à l'avantage d'Esperanza Aguirre, la candidate du parti Populaire. Mais la liste de l'ancienne juge Manuela Carmena, 71 ans, arrive juste derrière, et pourrait s'emparer de la mairie à la faveur d'une alliance avec le PSOE. Manuela Carmena, candidate de "Madrid Ahora" ("Madrid maintenant"), autre coalition d'indignés, remporte 20 sièges contre 21 à sa rivale. Le PSOE, arbitre de ce scrutin, obtient 9 sièges.
Dans ces deux villes, comme partout où la majorité absolue n'a pas été obtenue, des tractations vont s'engager dans les jours à venir pour former des alliances et déterminer les équipes dirigeantes. Ce sera également le cas dans les régions, dont les présidences étaient également renouvelées ce dimanche.
Le jeu des alliances pour la présidence des régions
Le Parti Populaire dirigeait une dizaine de régions sur 17 avant ce scrutin. Mais la situation a bien changé, le PP a perdu sa majorité absolue dans la majorité des "comunidades". Une période de négociations, avec des alliances en vue, va s'ouvrir pour déterminer quelles formations, de gauche ou de droite, occuperont les présidences.
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