Cet article date de plus de treize ans.

Neuf Français arrêtés au Tchad avec 103 enfants

Neuf Français qui s'apprêtaient à embarquer pour la France avec une centaine d'enfants ont été arrêtés. Parmi eux, des journalistes. Et le président de l'ONG l'Arche de Zoé. Il affirme qu'il s'agit d'une opération humanitaire. La police tchadienne soupçonne un trafic d'enfants destinés à l'adoption.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Radio France © RADIO FRANCE / Pascal Dervieux)

Deux journalistes de télévision ainsi qu'un membre d'un collectif photo figurent parmi les Français arrêtés hier au Tchad sous l'accusation d'avoir "enlevé" une centaine d'enfants. Marie-Agnès Peleran, journaliste à la chaîne France 3 Méditerranée était en "congé humanitaire de solidarité" . Parmi eux également, le président de l'ONG, l'Arche de Zoé, initiatrice du mouvement. Sur son site internet, l'association ne parle pas d'adoption, mais d'une "opération d'évacuation des enfants orphelins du Darfour" et de demande de droit d'asile par l'intermédiaire d'un tuteur légal.

L'ONG s'était préparée aux foudres de Khartoum, aux propos de certains politiciens, de quelques philosophes ou d'autres "grands penseurs" qui crieront au scandale en parlant d'éthique, d'illégalité ou de traumatisme psychologique des enfants déracinés, elle en est certaine. "Mais l'extermination en cours au Darfour, n'est-elle pas déjà scandaleuse, illégale et traumatisante ?", répond-elle.

Le ministre tchadien de l'Intérieur, Ahmat Mahamat Bachir, a précisé que les neuf ressortissants français avaient été arrêtés à l'aéroport d'Abéché, dans l'est du Tchad, près de la frontière avec le Soudan. Ils sont sous la garde des policiers de la ville. Le président,Idriss Deby Itno, a quant à lui déclaré de matin vendredi que les responsables de cette opération controversée et avortée serait "sévèrement sanctionnée ".

Les 103 petits Tchadiens ont de trois à huit ans. Et apparemment, tous ne sont pas orphelins.

Risques de trafic d'enfants

La peur, qui perce en filigrane, est celle du trafic d'enfants. La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et aux Droits de l'homme, Rama Yade, souligne qu'"*on ne connaît rien de leurs origines, de leur nationalité et de la réalité de leur situation familiale ni même des conditions de leur regroupement".

*

Le ministre français des Affaires étrangères a condamné "avec fermeté" l'opération de "sauvetage" que comptait mener à bien L'Arche de Zoé. "Le Tchad comme le Soudan, dont ces enfants pourraient être originaires, sont des Etats souverains qui n'autorisent pas l'adoption", a déclaré le Quai d'Orsay. Il est aujourd'hui impossible pour une famille française de lancer une procédure d'adoption d'un enfant tchadien ou soudanais.
_ Des familles de France et de Belgique ont déjà payé pour que les enfants soient acheminés vers un aérodrome situé à Vatry, près de Reims, à 120 km à l'est de Paris, a-t-on indiqué de source diplomatique à Paris. Elles auraient payé entre 2.800 et 6.000 euros chacune.

 

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.