Nicolas Sarkozy a reçu mardi les chefs d'Etat de 13 ex-colonies en Afrique pour les 50 ans de leur indépendance
Le président français a aussi invité mercredi leurs soldats sur les Champs-Elysées, une initiative contestée par le PS et des ONG et symptomatique des ambiguïtés des relations franco-africaines.
Nicolas Sarkozy s'est défendu de toute "nostalgie coloniale" lors d'un déjeuner à l'Elysée avec les dirigeants de treize des quatorze anciennes colonies.
"D'aucuns ont critiqué la proposition que je vous ai faite de nous réunir aujourd'hui, et d'assister demain (mercredi) à mes côtés au défilé du 14 juillet", a affirmé le président français. Selon lui, "c'est un contre-sens absolu. C'est bien mal me connaître que de penser que je puisse être inspiré par un quelconque sentiment de nostalgie envers une période dont j'ai, plus d'une fois, souligné l'injustice et les erreurs", a-t-il ajouté.
Les chefs d'Etat du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, du Centrafrique, du Congo-Brazzaville, de la Côte d'Ivoire, du Gabon, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal, du Tchad et du Togo étaient conviés à déjeuner à l'Elysée afin de marquer le cinquantième anniversaire de l'indépendance de leurs pays.
Mercredi, à l'occasion du défilé de la fête nationale du 14 juillet, des troupes africaines étaient invitées à descendre l'avenue des Champs-Elysées.
Les pensions des anciens combattants alignées
Nicolas Sarkozy a annoncé l'alignement des pensions de tous les anciens combattants résidant à l'étranger, quelle que soit leur nationalité, lors du déjeuner à l'Elysée. Ils vont "bénéficier désormais des mêmes prestations de retraite que leurs frères d'armes français", a-t-il déclaré.
Le Conseil constitutionnel avait estimé le 28 mai qu'il était contraire au principe d'égalité que les pensions soient différentes. Leur alignement devrait bénéficier à quelque 30.000 personnes, selon le secrétariat d'Etat aux Anciens combattants.
Une invitation contestée
La Fédération internationale des ligues de droits de l'Homme (FIDH) et la Ligue des droits de l'Homme et du citoyen (LDH) ont demandé mardi aux autorités françaises de publier la liste des délégations africaines à Paris pour vérifier qu'elles ne comprennent pas de criminels.
François Hollande (député de Corrèze, PS) s'est déclaré lundi en accord avec le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy pour célébrer l'indépendance de ses ex-colonies africaines mais pas le 14 juillet, jour de la fête nationale. "Est-ce qu'il fallait le faire le 14 juillet ? Dans le cadre d'un défilé militaire ? C'est une fâcheuse initiative", a-t-il estimé.
Le parlementaire socialiste a aussi estimé que Nicolas Sarkozy gérait l'Afrique "avec des méthodes d'un autre temps (...). On est retombé dans la politique des réseaux, dans l'affichage des connivences" et "ce qui est grave, c'est que la politique africaine est prise en mains totalement par l'entourage du président", a-t-il déploré.
Manifestation à Paris contre la "Françafrique"
Des centaines de personnes, 2000 selon les organisateurs et 700 selon la police, ont manifesté mardi à Paris contre la "Françafrique" symbolisée, selon les ONG organisatrices, par le défilé mercredi de troupes de pays africains pour la fête nationale française.
Le terme "Françafrique" recouvre un ensemble de relations opaques, politiques, d'affaires, voire d'affairisme, nouées par la France avec ses anciennes colonies.
Marc Ona, membre de la société civile gabonaise, a comparé les chefs d'Etat africains dans la tribune du président français à "des gouverneurs des colonies qui se retrouvent autour du colon en chef Nicolas Sarkozy pour célébrer le maintien de l'Afrique dans la mendicité internationale".
"Nous sommes scandalisés de la présence dans la tribune officielle, parmi les chefs d'Etat invités de Nicolas Sarkozy, de dictateurs qui tirent sur leur peuple", a déclaré de son côté Odile Tobner, présidente de l'ONG Survie, co-organisatrice de l'événement.
Plusieurs ONG ont dénoncé la présence, parmi les contingents africains, de "criminels" - ce que l'Elysée a démenti.
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