Nouvel An : pourquoi la fête sauvage à Lieuron n'a-t-elle pas pu être empêchée ?
Les gendarmes ont tenté d'interdire l'accès au site "mais très rapidement des heurts violents" ont éclaté, explique notamment la préfecture d'Ille-et-Vilaine.
Un point de chute secret, des forces de l'ordre dispersées et une fête qui a réussi à se tenir. La rave-party qui a réuni au Nouvel An environ 2 500 personnes à Lieuron (Ille-et-Vilaine) a montré que l'Etat peinait à empêcher ce type d'événement en temps de Covid-19. Pourquoi les centaines de véhicules, venus parfois de très loin, n'ont-ils pas été interceptés malgré les restrictions liées à l'épidémie ? Explications.
Un lieu annoncé à la dernière minute
Le soir de la Saint-Sylvestre, avec 100 000 policiers et gendarmes mobilisés, les réseaux sociaux sont scrutés de près par les forces de sécurité. "On avait plusieurs points de chute possibles à prendre concomitamment" en Bretagne et dans les Pays de la Loire, explique la gendarmerie de Bretagne. "Les forces étaient réparties sur ces points de chute potentiels, ce qui explique qu'à un moment donné, après le début du couvre-feu, on a eu une forte concentration de véhicules sur le site avec un nombre forcément restreint de forces de l'ordre."
Le lieu du rassemblement n'a été dévoilé qu'au dernier moment. "Il a été diffusé après 20 heures, après le déclenchement du couvre-feu" et "les forces de sécurité l'ont enregistré en même temps que les participants potentiels", selon la préfecture d'Ille-et-Vilaine et de la région Bretagne, qui avait interdit la manifestation. "Jo", un des participants à la fête, venu d'Alsace, explique ainsi avoir rejoint, jeudi soir, à 19h30, un point de rendez-vous sur le parking d'un centre commercial, avant que le top départ ne soit donné et qu'il ne soit guidé vers Lieuron.
Des gendarmes visés par des projectiles
Les gendarmes ont tenté d'interdire l'accès au site "mais très rapidement des heurts violents" ont éclaté, explique la préfecture. Trop peu nombreux, ils essuient des jets de projectiles. Trois membres des forces de l'ordre sont blessés légèrement, un véhicule de gendarmerie est brûlé. Le choix est fait de "désengager" pour ne pas risquer "de faire dégénérer la situation", explique la gendarmerie.
"Un contrôle strict de la zone" est alors assuré et, à partir de 22 heures, jeudi, "plus aucun véhicule n'est entré sur la zone", assure la préfecture. Fallait-il intervenir la nuit ? "Les conditions d'intervention la nuit sont très difficiles", rappellent les services de l'Etat. Une réunion est convoquée place Beauvau vendredi soir, et des renforts sont envoyés sur place.
Un dispositif difficile à repérer en amont
Côté organisation, un tel événement ne nécessite que "des techniques de base", selon une source proche des milieux festifs, citée par l'AFP sous couvert de l'anonymat. "Ce n'est pas super compliqué à mettre en œuvre, à moins de mettre des gros moyens de surveillance qui risqueraient de causer de graves préjudices, avec des renseignements généraux infiltrés, ce qui ne se fait pas, ajoute cette source. C'est quasiment impossible."
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