Ouverture du carnaval de Cologne sous haute surveillance
C’est l’un des événements les plus populaires et les plus importants d’Allemagne : le carnaval de Cologne débute ce jeudi matin, en Allemagne et pour six jours. La ville reste traumatisée après les violences et les agressions sexuelles de la nuit du Nouvel An. Plus d’un millier de plaintes a été déposé et les suspects sont, pour la plupart, des réfugiés originaires d’Afrique du nord. Et cette année, les festivités sont placées sous haute surveillance.
Les agressions de la Saint-Sylvestre ont marqué les esprits
Les fanfares sont déjà en place, les stands de saucisses et de bière sont prêts, et les premiers carnavaleux, les Jecke – les fous, comme on les appelle ici-, ne vont pas tarder à arriver. Avec leurs tenues bigarrées, du vert, du rouge, des costumes faits maison le plus souvent. Mais cette édition 2016 est particulière.
Les agressions de la Saint-Sylvestre ont marqué les esprits, Evelyn, 28 ans, croisée à la gare de Cologne, est toujours traumatisée. Et elle a décidé de renoncer au carnaval : "D’habitude, je suis toujours la première à vouloir aller au carnaval, je me suis toujours beaucoup amusée et le carnaval, c’est vraiment mon truc. Mais si je ne peux plus faire confiance aux gens, alors ça perd tout son sens. Donc cette fois, je vais rester chez moi. Angela Merkel a laissé venir tous les réfugiés et les choses ont changé. Maintenant, je me sens vulnérable et je me dis qu’il peut arriver quelque chose à tout moment ."
2.500 policiers mobilisés
La jeune fille est désabusée, mais pourtant, les autorités ont renforcé très largement la sécurité. Ainsi, près de 2.500 policiers ont été mobilisés – soit deux fois plus que pour l’édition 2015, des caméras dans les points chauds de la ville –la gare, le quartier étudiant - des projecteurs supplémentaires pour éclairer certains quartiers sombres de Cologne, en soirée. Et le budget sécurité remonté à 380.000 euros. Les autorités ont une obsession : rassurer.
Gregor Timmer, le porte-parole de la mairie de Cologne, explique : "Les débordements de la nuit de la Saint-Sylvestre ont évidemment fait naître de l’inquiétude parce qu’il s’agit d’un nouveau phénomène, que nous n’avions jamais rencontré. Mais nous ne nous laisserons pas effrayer par ces agissements. Le déploiement policier sera très important, similaire à ce qui s’est passé en France après les attaques terroristes. Nous sommes convaincus que la police a tiré les leçons de la Saint-Sylvestre. Le but, c’est de s’amuser ".
Des associations à la rencontre des réfugiés pour leur expliquer le carnaval
Ces derniers jours, les autorités ont multiplié les conférences de presse, pour donner des conseils. Une brochure spéciale, en allemand, en anglais et en arabe, a été publiée : des associations d’aide aux réfugiés sont allées à leur rencontre pour leur expliquer le carnaval, pour expliquer la tradition.
Quelques règles, simples, que détaille le porte-parole de la police de Cologne, Wolfgang Baldes : "Une ambiance de fête détendue ne veut pas dire qu’on peut aborder une femme. C’est pareil si une femme vous fait un petit bisou sur la joue, c’est une tradition et il ne faut rien y voir de plus. Une femme doit pouvoir se promener dans cette ville sans danger, même si elle porte une jupe courte. Et cela ne signifie pas qu’elle est disponible. Les hommes doivent comprendre cela. Quand une femme dit ‘non’, c’est ‘non’, et il faut l’accepter ."
Des conseils pour les femmes en cas d'agression
Des conseils à l'adresse des femmes ont aussi été diffusés sur les réseaux sociaux, sur internet. Comment réagir dans une situation délicate ? Comment se sortir d’un mauvais pas ? Un point sécurité a été mis en place près de la cathédrale, autour d’une petite cabane blanche, des psychologues, des employés de la ville.
C'est le lieu de rassemblement pour les femmes en cas de problème, explique Tania Spiegel, qui fait partie de l’équipe d’accueil : "Si une personne se sent menacée, elle peut venir ici et trouver de l’aide. Evidemment, on espère que personne n’aura besoin de ce dispositif ! On veut envoyer un message fort et dire que nous n'avons pas peur. Le carnaval, c’est notre culture, c'est comme mon bras gauche. On veut le garder et on le défendra ! On veut oublier le quotidien, se déguiser comme on veut, en Pinocchio ou en costume et défiler dans les rues et s’amuser ! " Autres conseils : ne pas utiliser de sprays au poivre, beaucoup de femmes en ont pourtant acheté après les attaques du Nouvel an. Et crier très fort en cas d’agression.
Un carnaval "épreuve de vérité"
Après le raté sécuritaire du début de l’année, les autorités jouent gros et doivent concilier au mieux, la fête, la tradition du carnaval, la sécurité Et gérer une foule énorme –un million de personnes attendues de toute l’Europe, mais aussi de Russie, d’Asie, des Etats-Unis- ce carnaval, c’est même "l’épreuve de vérité" pour reprendre l’expression du directeur des services de la ville. Et c’est aussi l’occasion pour la ville de redorer son blason estime Sigrid Krebs, du comité d’organisation du carnaval. Début des festivités à 11h11 tapante : ce premier jour de carnaval s’annonce pluvieux. La pluie, redoutée des organisateurs, est le meilleur allié de la police.
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