Après la Suède, la reconnaissance de la Palestine avance, même en France
La Suède a créé l'événement en reconnaissant l'Etat de Palestine. «Le gouvernement considère que les critères de droit international pour une reconnaissance de l'État de Palestine sont remplis: il y a un territoire, une population et un gouvernement», a dit la chef de la diplomatie suédoise Margot Wallström.
La nouvelle a été, logiquement, bien accueillie par l'Autorité palestinienne, qui «demande à tous les États dans le monde qui hésitent encore à reconnaître notre droit à un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967 et ayant Jérusalem-Est comme capitale à suivre l'exemple de la Suède».
«Un tabou en Europe»
Le mouvement initié par Stockholm pourrait faire tâche d'huile en Europe puisque les députés britanniques ont adopté mi-octobre, par 274 voix contre 12, une motion appelant Londres à «reconnaître un Etat palestinien aux côtés de l’Etat d’Israël» comme une «contribution pour assurer une solution négociée consacrant deux Etats» dans cette région.
Un geste symbolique fort pour Londres qui fut à l'origine de l'installation d'un foyer national juif en Palestine. «La Grande-Bretagne a une responsabilité historique et morale » de reconnaître l’Etat de Palestine, a estimé le député conservateur Alan Duncan, ancien secrétaire d’Etat au développement international, renvoyant au mandat britannique sur la Mésopotamie et sur la Palestine au XXe siècle. « Ca fait trop longtemps que la Palestine est occupée, que ses habitants vivent une vie misérable. Que les Israéliens continuent, petit à petit, à construire sur des terres qui ne leur appartiennent pas. Il est grand temps que le monde reconnaisse l’Etat palestinien comme l’ont déjà fait 134 pays auprès des Nations Unies», a insisté l’ancien ministre sur Skynews, rappelait Les Echos.
Et les autres pays d'Europe ? «il y a un vrai tabou en Europe sur cette question, cela vient bien sûr de l'Allemagne et de la guerre», analyse Esther Benbassa, historienne et sénatrice Europe Ecologie du Val de Marne, dont le groupe parlementaire a déposé un projet de résolution pour que la France reconnaisse la Palestine. Pour que l'Union européenne reconnaisse la Palestine, «il faudrait que tous les États-membres soient d'accord, ça devient donc peu probable», note Michaël Schulz, chercheur à l'université de Göteborg.
«Faire avancer les choses en France»
Au Sénat, les Verts ont donc déposé il y a une semaine, jour pour jour, une proposition de résolution pour la reconnaissance de l'Etat palestinien. Un texte prévoyant que «le Sénat exprime le souhait que la France reconnaisse sans délai l'Etat palestinien souverain et démocratique sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem comme capitale des deux Etats». Un texte destiné à «faire avancer les choses» précise Esther Benbassa. La Sénatrice note en effet que la politique de la France au Proche-Orient dans la tradition «gaulliste a complêtement changé».
Cette résolution, qui subit déjà des pressions hostiles de l'ambassade d'Israël en France, nous a dit Esther Benbassa, ne serait pas soumise au vote avant 2015, le temps d'essayer de mobiliser des élus d'autres groupes.
Dans ce contexte, le groupe Front de gauche de l'Assemblée nationale a fait une demande dans le même sens en réclamant l'organisation d'un vote sur la reconnaissance par la France d'un Etat palestinien. Les députés du Front de gauche estiment que «la France ne peut rester en retrait».
Du côté de la majorité PS, pas de position officielle mais plusieurs personnalités se sont engagés sur cette voie, avec notamment Benoit Hamon.
Après le vote britannique, je viens de saisir les socialistes d'un projet de résolution favorable à la reconnaissance de l'état palestinien
— Benoît Hamon (@benoithamon) October 15, 2014
Pour l'instant, le gouvernement français n'a pas pris position sur cette reconnaissance affirmant seulement qu'«il est plus que jamais nécessaire et urgent de réaliser des avancées sérieuses sur le processus de paix». Après le vote de Londres, Laurent Fabius avait affirmé que la France reconnaîtra l'Etat palestinien «le moment venu», mais cette décision doit être «utile à la paix» et non pas seulement «symbolique».
Combien de pays ont déjà reconnu la Palestine ?
Avant la décision suédoise, l’Autorité palestinienne recensait 134 pays qui ont reconnu la Palestine, dont sept membres de l’Union européenne (cinq anciens pays de l'est, la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, plus Malte et Chypre). Aujourd"hui ils seraient donc 135. Voir sur le site de la mission de la Palestine à l'Onu la liste de ces pays ainsi que leur date de reconnaissance.
Au niveau de l'ONU, la Palestine est, depuis novembre 2012, considérée comme un «Etat observateur non-membre». Le prochain terrain d'affrontement juridique pourrait porter sur la volonté de l'Autorité palestinienne d'adhérer à la Cour Pénal International. Les Palestiniens menacent de rejoindre la CPI en cas de poursuite du blocage des négociations de paix. Une adhésion dont Washington et Israël ne veulent pas entendre parler.
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