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Israël et la Turquie normalisent, le Hamas temporise

A moins d’un impromptu, Israël et la Turquie devraient annoncer le 26 juin 2016 la décision de normaliser leurs relations après six années de brouille. Mêmes si les conditions d’une telle reprise ne sont pas toutes remplies, l’accord et la réconciliation devraient être formalisés fin juillet. Toutefois, pour Ankara, la balle est dans le camp d’Israël et il n’existe pas de condition «nommée» Hamas.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min

Israël et la Turquie vont mettre fin à une brouille ouverte il y a six ans par l’assaut de commandos israéliens contre le ferry «Mavi Marmara». Un arraisonnement qui avait fait neuf morts turcs le 31 mai 2010, alors qu’une flottille humanitaire tentait de forcer le blocus de Gaza.

Vers un retour des ambassadeurs à Ankara et Tel Aviv 
Selon le quotidien turc indépendant Hurriyet, l’annonce officielle devrait intervenir dimanche 26 juin à l’issue d’une rencontre entre deux hauts fonctionnaires des deux pays. Elle devrait permettre de finaliser l’accord et sceller une réconciliation par le retour des ambassadeurs respectifs fin juillet.
 
Entre les deux pays, en effet, les relations n’avaient pas été rompues, mais il y avait eu retrait des diplomates et gel de la coopération militaire instaurée par des accords stratégiques conclus en 1996.

Pris de court par la révélation du journal, le chef de la diplomatie turque a tenu à apporter un bémol. «Un accord pourra être conclu à la prochaine réunion en fonction des mesures prises par Israël», a déclaré Mevlut Cavusoglu sans précision de date ni de lieu.
 
«Nos conditions ne sont pas très compliquées, elles doivent être satisfaites de la même manière que notre demande d’excuses l’a été», a-t-il ajouté, mettant le marché entre les mains de l’Etat hébreu.

Des conditions partiellement remplies 
Ankara posait en effet trois conditions à une telle normalisation : des excuses publiques pour l’assaut meurtrier contre le ferry, l’indemnisation financière des familles des victimes et la levée du blocus israélien de la bande de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste palestinien du Hamas.
 
De son côté, Tel Aviv exigeait de la Turquie qu’elle expulse Saleh al-Aruri, un dirigeant du Hamas vivant à Istanbul depuis 2010 et accusé d’avoir planifié l’enlèvement et le meurtre de trois Israéliens en 2014.
 
Israël a partiellement répondu aux deux premières conditions. Sous la pression américaine, Benjamin Netanyahu a présenté ses excuses à Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, qui les a acceptées, et les négociations sur l’indemnisation des victimes du «Mavi Marmara» sont données par Mevlut Cavusoglu «sur le point d’être terminées» depuis février 2016.

Israël intransigeant sur la levée du bouclage
Quant à la levée du blocus sur le territoire palestinien, une source anonyme du Hamas citée par le journal palestinien Raï al-Yom révélait que la Turquie avait renoncé à cette dernière condition face à l’intransigeance israélienne.
 
Toutefois, aux termes de l’accord de normalisation rapportés par Hurriyet, Israël autorisera la construction d’un hôpital, d’une nouvelle centrale électrique et d’une usine de production d’eau potable à Gaza, et la Turquie pourra envoyer de l’aide via le port israélien d’Ashdod et non directement.
 
Reste le cas du cadre dirigeant du Hamas Saleh al-Aruri. Le journal turc Karar affirme qu’il aurait été prié par les autorités d’Ankara, il y a quelques mois déjà, de quitter le pays pour le Qatar.

Le Hamas fait le gros dos
Pris entre les desiderata turcs et les exigences israéliennes, le Hamas fait le gros dos. Le mouvement islamiste palestinien se dit rassuré par le fait que la Turquie ne mette pas ses relations avec le Hamas dans la balance.

Selon l’écrivain et politologue Hatem Abou Zayda, cité par Al-Arabi al-Jadid, le Hamas comprend la nécessité pour la Turquie de se réconcilier avec Israël dans les circonstances actuelles de la région.
 
Le mouvement qui contrôle Gaza n’a pas les moyens de faire pression sur la politique turque et pourrait se contenter pour le moment d’un simple allègement du blocus.

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