: Vidéo Prix Nobel : trois découvertes scientifiques qui ont posé problème
Certains travaux scientifiques primés par l'académie Nobel ont pu susciter la controverse ou, à de rares occasions, s'avérer faux.
Les prix Nobel scientifiques, décernés du 2 au 4 octobre à Stockholm (Suède), récompensent les travaux qui révolutionnent les domaines de la médecine, de la physique et de la chimie. Mais les découvertes primées par l’académie suédoise ont parfois été remises en question, note Le Monde.
Un insecticide passé de révolutionnaire à interdit
Paul Müller obtient le Nobel de médecine en 1948. Le chercheur suisse a découvert que le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), un composé chimique inventé en 1874, peut être utilisé comme un puissant insecticide. Dès lors, le produit est employé massivement dans l’agriculture, mais aussi pour tuer les moustiques et endiguer les épidémies de paludisme, rappelle la radio Swissinfo (en anglais).
Vingt ans et quatre rapports d'expertise plus tard, la communauté scientifique prend conscience que le DDT est un polluant très persistant. Il s'accumule tout au long de la chaîne alimentaire et reste présent dans l'environnement ainsi que dans l'organisme, des années après son utilisation, note Le Monde. Plusieurs pays, dont la France, décident dans les années 1970 d'interdire le DDT. Mais le mal est fait : selon des chercheurs californiens, les femmes qui ont été exposées à ce perturbateur endocrinien dans le ventre de leur mère ont quatre fois plus de risques de développer un cancer du sein.
Quand les prix Nobel se trompent
Autre fait surprenant : les découvertes de deux lauréats du prix Nobel se sont avérées totalement fausses. Johannes Fibiger est primé en 1926 pour une expérience qu'il a menée vingt-et-un ans plus tôt. A l'époque, il observe des lésions dans les estomacs de rats infectés des vers nématodes. Le Danois conclut que ces parasites ont provoqué un cancer chez les rongeurs, raconte Le Monde. Neuf ans après le prix Nobel de Johannes Fibiger, l'Anglais Richard Passey reproduit son expérience. Il découvre que les tumeurs dans l'estomac des rats ne sont ni cancéreuses, ni liées au nématode. Il s'agit simplement de lésions bénignes causées par une carence en vitamine A.
La "bourde" la plus connue du petit monde des prix Nobel est sans doute celle d'Enrico Fermi. Au début du XXe siècle, le célèbre physicien italien pense pouvoir créer deux nouveaux éléments chimiques en bombardant de neutrons un noyau d'uranium. A la fin de l'expérience, il constate l'apparition de deux "choses" radioactives, raconte le blog du Monde, "Passeur de sciences". Sans les tester chimiquement, Enrico Fermi assure que ces éléments sont plus "lourds" que l'uranium, et les nomme ausénium et hespérium.
L'Italien obtient le prix Nobel de physique pour cette découverte, en décembre 1938. Mais des chercheurs allemands se rendent compte, un mois plus tard, que les éléments créés durant l'expérience sont en fait plus "légers" que l'uranium : le noyau de l'atome s'est cassé en deux. Enrico Fermi a, sans le savoir, réalisé la première fission nucléaire. Otto Hahn et Fritz Strassmann obtiennent le prix Nobel de chimie, en 1944, pour leurs travaux sur ce phénomène. Et pour avoir, en quelque sorte, corrigé l'erreur d'Enrico Fermi.
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