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Egypte : les journalistes étrangers, cibles des manifestants

Difficile de quantifier le phénomène, mais les journalistes occidentaux ne semblent pas vraiment les bienvenus au Caire. Les manifestants pro-Moubarak les accusent, à l'instar d'Al-Jazeera, d'avoir œuvré en sous-main pour faire partir le raïs. _ Un journaliste belge notamment n'a pas donné de nouvelle à sa rédaction, depuis qu'il a été arrêté par des hommes en civil, et conduit dans une caserne.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Réactualisé ce jeudi matin à 8h45

Plus le temps passe en Egypte, et moins il semble que les journalistes soient les bienvenus. Ce mercredi soir, trois journalistes de la télévision française France 24 ont été interpellés ; ils sont actuellement détenus par les renseignements militaires. Sans que l'on sache vraiment pourquoi.
_ Et la liste s'allonge, de journalistes pris pour cible par le pouvoir, ou par les manifestants.

Un peu plus tôt dans la journée, c'est une équipe de France 2, qui rentrait de reportage à Suez, qui a été été prise à partie à un barrage policier. Trois journalistes ont été légèrement blessés.

Sur la place Tahrir, au Caire, un journaliste belge, Serge Dumont, a été molesté et arrêté, alors qu'il couvrait la manifestation. La rédaction du journal Le Soir a pu lui parler brièvement : “c'était musclé, violent. J'ai reçu une volée de coups à la figure. Ils prétendaient que j'étais un pro-Baradei (Mohamed ElBaradei). J'ai ensuite été emmené chez les militaires, dans l'une des casernes à la sortie de la ville. J'ai reçu un verre d'eau, du Nil, m'ont-ils dit, pour que j'attrape la diarrhée. Je suis sous la garde de deux militaires, avec kalachnikovs et baïonnettes. Ils disent que je vais être emmené auprès des services secrets. Ils me reprochent d'être un espion.”
_ La Belgique demande officiellement sa libération. Ce jeudi matin, il manque toujours à l'appel. Il reste injoignable.

Et puis, on ne compte finalement plus les journalistes pris à partie par la foule en colère. L'armée est intervenue place Tahrir pour exfiltrer un caméraman de Radio-Canada, qui était très violemment battu.
_ Eux n'étaient pas sur la place, mais dans un quartier pauvre du Caire. Mais il est arrivé à peu près la même mésaventure à deux journalistes suédois, violemment pris à partie et accusés d'être des agents du Mossad.

Dans un communiqué, Reporters sans frontières condamne ces violences, commises essentiellement par les partisans de Moubarak, auxquels se seraient mêlés des policiers en civil... Les témoignages recueillis par l'association sont édifiants. “Dès qu'ils voient une caméra, ils se jettent dessus”, raconte un journaliste...
_ Même les Etats-Unis s'émeuvent publiquement. “Nous sommes préoccupés par les arrestations et les attaques contre les médias en Egypte. La société civile que l'Egypte souhaite construire implique une presse libre”, déclare un porte-parole de la diplomatie américaine dans un message sur Twitter.

Quant à Al-Jazeera, qui se retrouve au cœur du cyclone, elle continue à diffuser, en direct et en quasi-continu, des images des manifestations. Même si six de ses journalistes ont été brièvement arrêtés hier ; même si le satellite égyptien qui la diffusait s'est interrompu ; même si les pouvoir cherchent à brouiller le signal diffusé sur d'autres satellites...

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