Etre un enfant en Irak
C'est un établissement scolaire comme les autres à Bagdad, qu'a pu visiter notre envoyé spécial dans la capitale irakienne. L'établissement secondaire Omar Mouktar, dans le quartier Mansour ne semble pas particulièrement sous tension, si l'on excepte les véhicules blindés de l'armée garés à quelques mètres. Dimanche, il sera transformé en bureau de vote pour les élections législatives. En attendant, les élèves jouent bruyamment dans la cour, sans trop penser qu'un autre établissement du quartier, qui devait être lui aussi un bureau de vote, a été la cible d'un attentat hier.
A l'époque de Saddam Hussein, le système éducatif irakien était un des meilleurs du Moyen-Orient. L'école était gratuite et obligatoire et la scolarisation des filles y atteignait un bon niveau. Les années de guerre civile qui ont suivi l'invasion alliée ont tout bouleversé : élèves et enseignants ont fui les établissements trop exposés à la violence pour aller travailler. Beaucoup de professeurs ont émigré.
Depuis, ils sont revenus, mais les meilleurs d'entre eux sont partis dans l'enseignement privé, mieux payé. Un système parallèle qui se développe mais qui reste inaccessibles à la majorité des Irakiens.
Les élèves ne se font pas d'illusion. Ceux qui ont interrompu leur scolarité reviennent, mais rêvent d'aller dans le privé. Paradoxe suprême, eux aussi regrettent, sur ce point du moins, l'époque de Saddam Hussein. A l'époque, disent certains, il y avait plus de discipline.
L'UNICEF, l'organe de l'ONU spécialisé dans la protection de l'enfance, confirme ce constat. Les infrastructures sociales et familiales se sont effondrées. Les enfants vivent dans un climat d'insécurité permanent, malgré la diminution du nombre d'attentats. Cette violence de la guerre et de l'insurrection s'insinue jusque dans les familles, où les situations d'enfants maltraités sont nombreuses, en particulier à l'encontre des filles. La nutrition, l'hygiène, l'assainissement, l'accès à l'eau potable, la vaccination, tout est presque à refaire en Irak. Et, confrontés au stress quotidien chez eux, de nombreux enfants fuient dans la rue, où d'autres dangers les attendent. Trois millions d'enfants sont victimes d'exploitation ou d'abus en Irak.
En 2010, l'UNICEF prévoit de construire un millier d'écoles, correctement sécurisées, et bien pourvues en enseignants, afin que les enfants y trouvent un havre de paix.
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