Témoignage "On a un besoin immense de médicaments" : un médecin libanais, interne en France, est resté au Liban pour aider la population

Théâtre d'une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah pro-iranien, le Liban compte déjà près d'un million de déplacés, selon l'ONU. Les hôpitaux publics comme privés peinent à gérer la crise. Rencontre avec un interne d’un hôpital francilien qui a décidé de rester sur place pour aider.
Article rédigé par Gilles Gallinaro - et Sébastien Sabiron
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le jeune médecin apporte des soins bénévoles à un blessé de guerre dans la plaine de la Bekka, à l'est du Liban. (MHAMAD KHAZAAL)

Interne à l'hôpital Avicenne en Seine-Saint-Denis, le médecin Mhamad Khazaal, 28 ans, était rentré dans sa famille au Liban pour les vacances. Surpris par la brutale escalade des hostilités entre le Hezbollah et Israël, il a décidé d'y rester pour venir en aide aux patients. 

Selon lui, le Liban n'est pas au bord d'une crise humanitaire, il s'y trouve déjà. C'est ce qu'il constate dans sa région, la plaine de la Bekaa, intensément bombardée. "Avec les malades et les blessés, les hôpitaux sont épuisés, saturés au maximum", témoigne le médecin libanais, avec pour conséquence de devoir renvoyer les patients chez eux bien avant que leurs blessures puissent être soignées.

Des soins à domicile, avec les moyens du bord

"C’est horrible, poursuit Mamhad. Les gens ont besoin de pansements et d’analyses médicales. Le type de blessures, ce sont surtout des plaies, des fractures, des traumatismes crâniens, des brûlures", décrit-il. Le médecin, qui est en dernière année d'internat, les soigne gratuitement, à domicile, avec les moyens du bord. Car tout manque au Liban, déjà durement frappé par la crise économique. 

"Il y a des ambulanciers qui n’ont pas de matériel médical. Ils arrivent sur le lieu du bombardement, trouvent les blessés mais n’ont pas de bandage pour arrêter un saignement, par exemple.”

Mhamad Khazaal, interne à l'hôpital Avicenne en Seine-Saint-Denis

à franceinfo

Il n’y a pas assez de pansements, de compresses, de désinfectants et dans cette région dont les routes ne sont plus sûres, pas de quoi gérer non plus le post-opératoire. "La plupart des pharmacies ici sont fermées. Les pharmaciens sont déplacés de leur domicile et de toute façon leurs stocks sont épuisés parce que les distributeurs n’arrivent pas à atteindre la région, explique Mhamad Khazaal. On a un besoin immense de médicaments".

Mhamad Khazaal, interne en médecine à l'hôpital Avicenne de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. (MHAMAD KHAZAAL)

Dans ce contexte, le jeune médecin salue l'arrivée annoncée de l'aide internationale, avec malgré tout quelques réserves. "J’espère que cette somme va atteindre les personnes qui en ont besoin. Malheureusement, beaucoup de personnes vont essayer d’exploiter cet argent", se désole-t-il.

Son hôpital francilien lui manque, ainsi que "tout en France", confie-t-il. Mais tout l'oblige à rester au Liban. "Je ne peux pas travailler tranquillement en France alors que ma famille se fait bombarder tous les jours". Le jeune interne en médecine s'envolera pour Paris dans une dizaine de jours. "Ce jour-là, je serai en larmes", conclut-il.

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