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Elections législatives en Irak : le poids des partis proches de l’Iran au cœur du scrutin

Des élections législatives se tiennent dimanche en Irak. Dans le pays, la présence et l'influence de l'Iran sont omniprésentes sur le plan politique. Mais une partie de la population semble se détourner de son voisin pour aller vers davantage de changements.

Article rédigé par Aurélien Colly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des électeurs irakiens ont voté dans un bureau de vote lors des élections législatives anticipées du pays, le 10 octobre 2021. (FARIQ FARAJ MAHMOOD / ANADOLU AGENCY)

Les Irakiens sont appelés aux urnes dimanche 10 octobre pour des élections législatives anticipés après le mouvement de contestation populaire qui a secoué le pays en octobre 2019. L’un des enjeux de ce scrutin sera le poids des partis proches de l’Iran. En 2018, ils avaient fait une entrée remarquable au parlement irakien, à la faveur de la lutte contre Daesh, mais la répression de la contestation populaire en 2019 par leurs milices a modifié la donne pour Téhéran.

Entre les affiches électorales des partis proches de l'Iran et les portraits du général iranien Qassem Soleimani, érigé en martyr après avoir été tué par un drone américain à Bagdad l'année dernière, difficile de ne pas sentir l'omniprésence de Téhéran dans cet Irak en déliquescence. Pour Ali, qui ne cache pas son allégeance, l'Iran est le seul soutien de l'Irak, "le seul pays qui nous aide d'un point de vue militaire ou économique", dit-il. "En tant qu'Irakien, j'ai été déçu par l'Amérique et par nos voisins arabes", ajoute Ali. "L'Iran nous aide, mais pas gratuitement", nuance Karrar, la trentaine. "L'Iran a ouvert ses entrepôts, nous a donné des armes pour libérer le pays des terroristes. Mais les sacrifices et ceux qui sont morts, ce sont des Irakiens", constate encore Karrar, qui a aussi vu les milices pro-iraniennes participer à la répression de la révolte populaire en 2019.

"Un désenchantement croissant vis-à-vis de l'Iran"

Pour Kaoutar, "ce qui doit changer c'est la fin de la corruption, le retour de la sécurité et surtout la fin des milices chiites". Elle regretterait presque Saddam Hussein alors que l'État est incapable de les mettre au pas. De son côté, la politologue Marsin Alshamary explique qu'"il y a un désenchantement croissant vis-à-vis de l'Iran. Une large partie de l'opinion publique s'est retournée contre cette influence, même dans la communauté chiite", dit-elle.

Fait rarissime, la plus haute autorité religieuse de cette communauté a même appelé les Irakiens à ne pas voter pour des partis liés à ces groupes paramilitaires inféodés à l'Iran. Et c'est le courant du trublion Moqtada al-Sadr - un influent clerc chiite dont la liste est considérée comme favorite -  qui devrait en bénéficier. Lui qui a combattu l'occupation américaine mais qui rejette aussi la mainmise iranienne. Un candidat qui remporte déjà l'adhésion d'Hussein : "Je vais voter pour lui parce qu'il rejette les forces extérieures qui veulent contrôler notre pays. Il l'a toujours dit : 'Ni l'Occident, ni l'Iran.'" 

Le reportage d'Aurélien Colly est à écouter ici.

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