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Le procès d'une vingtaine de jihadistes français présumés, morts ou disparus, s'est ouvert lundi à Paris

Le procès de 24 jihadistes, dont la plupart sont morts ou disparus, s’est ouvert lundi devant la Cour d’assises spéciale à Paris. 

Article rédigé par franceinfo - Laure Debeaulieu, édité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le palais de justice de Paris, où se trouve la Cour d'assises spéciale (illustration). (LAURE DEBEAULIEU / FRANCE-INFO)

Des hommes et femmes impliquées dans deux réseaux de départ à la frontière irako-syrienne entre 2014 et 2015, période avant et après la vague d’attentat en France, sont jugés devant la Cour d’assises spéciale de Paris jusqu’au 17 janvier. Sur les 24 accusés, seuls 5 sont présents, 19 sont présumés morts et encore recherchés.

Tout a démarré le 6 novembre 2015, lorsqu'une vague d’interpellations est déclenchée en région parisienne. Les policiers de la police judiciaire et des renseignements intérieurs ne peuvent plus attendre. Dans leur ligne de mire, les réseaux qui permettent à des dizaines de jeunes, d’être candidat pour partir faire le jihad. Des jeunes nés dans les années 90, et qui veulent répondre à l’appel du califat lancé par le groupe Etat islamique en juin 2014.

Des messages décryptés par les enquêteurs

"Je suis trop pressé de partir, j’ai la haine si ça continue ça va finir en 'dogma (attaque kamikaze) à Châtelet" : c’est cette phrase, décryptée dans des messages échangés, qui déclenche début novembre 2015 une série d’interpellations. Dans cette conversation, Iliès B., l'un des cinq accusés présent au procès et détenu depuis, répond à Quentin R., jeune converti et radicalisé qui est déjà en Irak. Il lui répond : "Ceux qui tapent chez vous, c’est le meilleur, tous les frères qui sont là [en Irak] regrettent de ne pas l’avoir fait avant de partir. Faut viser haut".

Il est un des seuls à comparaitre devant la cour. Il est poursuivi pour avoir projeté un attentat en France, mais aussi pour avoir aidé et envoyé de l’argent à des membres de l’Etat islamique, des vêtements et des chaussures à ceux qui sont déjà partis. On lui reproche aussi d’avoir conduit Quentin R. et Samba C., tous les deux morts dans des attaques kamikazes en Irak, à l’aéroport de Paris-Charles De Gaulle le jour de leur départ.

Point central de ces candidats au départ en Irak : la mosquée clandestine "des radars" à Sevran en Seine-Saint-Denis, surnommée "mosquée de Daesh". Des liens sont établis entre l’un des responsables de la mosquée, Sofiane N., qui pratiquait des prêches radicales, et des hommes déjà partis rejoindre la frontière entre l’Irak et la Syrie, et ceux qui, en Seine-Saint-Denis organisent les départs, coordonnent les voyages et les arrivées sur le terrain. Ils sont 8 à être partis de cette filière dite de "Sevran", poursuivant une idéologie qui les mènent au combat.

Les frères Belhoucine, au centre de la seconde filière

Eux aussi sont morts mais toujours recherchés : les frères Belhoucine. Originaire d’Aulnay sous-Bois, ils partent au début de l’année 2015. L’ainé, Mohamed Belhoucine, a connu le tueur de Montrouge et de l’Hyper Cacher en prison, cinq ans plus tôt. Il purge alors une peine pour avoir organisé des filières de départ en Afghanistan. Il devient son mentor. Il est l’auteur de la lettre d’allégeance et de revendication, laissé par Amedy Coulibaly dans une vidéo posthume. Pour cela, il sera aussi jugé dans le procès des attentats de janvier 2015 prévu en mai et juin 2020.

Etudiant brillant, il fait la connaissance de Sofiane N. sur les bancs de l’école des mines d’Albi. Son frère cadet, Mehdi, a lui aussi disparu en Irak, tué dans une attaque kamikaze. Il avait accompagné Hayat Boumeddiene, l’épouse religieuse du même Amedy Coulibali, une semaine avant les attentats de janvier 2015.

C’est par cette filière qu’une famille entière, les deux époux et leurs trois enfants en bas âge, s'est envolée, le 3 janvier 2015, vers la Turquie. Seul l’ainé de la famille sera retrouvé dans un orphelinat de Badgad, deux ans et demi plus tard. Il sera rapatrié en France, racontant l’horreur et le décès de sa mère, de son frère et de sa sœur, dans des bombardements à Mossoul.

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