Attaque du Hamas contre Israël : "Rien ne justifie de s'en prendre à des civils", "mais c'est le prix à payer quand les conflits ne sont pas résolus" selon l'ex-ambassadrice de la Palestine auprès de l'Union européenne

Leïla Shahid, l'ancienne déléguée générale de l'Autorité palestinienne en France et ancienne ambassadrice de Palestine auprès de l'Union européenne était l'invitée de franceinfo ce lundi.
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Leïla Shahid, ex-ambassadrice de la Palestine auprès de l'Union européenne (STEPHAN AGOSTINI / AFP)

"30 ans après les accords d'Oslo, la situation" du conflit israélo-palestinien "est pire qu'avant", a estimé lundi 9 octobre sur franceinfo l'ancienne déléguée générale de l'Autorité palestinienne en France et ancienne ambassadrice de Palestine auprès de l'Union européenne, Leïla Shahid, à propos de l'attaque lancée par le Hamas sur Israël samedi 7 octobre.

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Alors que l'on dénombre plus d'un millier de morts des deux côtés et plus d'une centaine d'otages israéliens capturés par le Hamas, "rien ne justifie de s'en prendre à des civils" selon Leïla Shahid, "mais c'est le prix à payer lorsque les conflits ne sont pas résolus par les instances dont la raison d'être est de faire la paix".

franceinfo : Le conflit israélo-palestinien était gelé, les Palestiniens oubliés y compris par le monde arabe... Est-ce que cela justifie pour autant de s'en prendre à des civils ?

Leïla Shahid : Rien ne justifie de s'en prendre à des civils, qu'ils soient Israéliens, Palestiniens, Chinois ou Congolais. Mais c'est le prix à payer lorsque les conflits ne sont pas résolus par les instances dont la raison d'être est de faire la paix. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni hier, il n'a rien fait. Cela fait 56 ans que la communauté internationale, y compris l'Union européenne et les Nations unies, parlent du droit à l'autodétermination et de la nécessité de mettre fin à l'occupation. Mais 30 ans après les accords d'Oslo, la situation est pire qu'avant.

Vous avez pourtant cru à la paix ?

Oui, et j'ai échoué. C'est pour cela que je ne suis plus représentante de la Palestine, parce que je n'ai pas envie de mentir à mon peuple. J'ai réalisé que l'Union européenne s'intéresse plus à faire du commerce que faire la paix. Et elle continue, d'ailleurs. Mais ce que je trouve très difficile, et vous devez comprendre les Palestiniens, c'est le deux poids, deux mesures. Ce soir, vous allez illuminer la tour Eiffel en solidarité avec Israël. Elle n'a jamais été allumée pour la Palestine.

La situation est donc inextricable ?

Non, elle n'est pas inextricable. Elle est complexe parce qu'Israël est, dans la conscience de tous les Européens et pour des raisons légitimes, la victime du génocide en Europe. Mais ce génocide n'a pas eu lieu dans le monde arabe : lorsque les gens étaient mis dans des fours crématoires, ici, en Palestine, les Juifs étaient aux conseils municipaux de nos villes. Et donc, il y a une telle complexité à traiter Israël comme n'importe quel autre État qui viole le droit, qu'on lui laisse une impunité totale. Les Palestiniens ont souffert de l'image, en particulier de l'islamisme terroriste. Pas celui du Hamas, mais celui qui a fait l'attentat du Bataclan par exemple. Mais ça suffit de nous parler d'image, parlons de la réalité ! Pourquoi laisse-t-on une impunité totale à une puissance occupante ? Faites la comparaison avec l'Ukraine et la Russie. On a vu comment, en moins d'un an, on s'est mobilisé pour essayer de soutenir les victimes de l'occupation. Et depuis 56 ans, on ne fait rien pour s'occuper des victimes de l'occupation israélienne.

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