Convocation pour "apologie du terrorisme" : "Une attaque politique", dénonce Mathilde Panot

La présidente du groupe de La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale considère qu'Emmanuel Macron "a réinventé la police de la pensée".
Article rédigé par franceinfo
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Mathilde Panot, présidente du groupe de La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, jeudi 2 mai 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Techniquement, ça s’est bien passé", mais cette audition est "inquiétante sur plusieurs points", affirme Mathilde Panot, présidente du groupe de La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale sur franceinfo jeudi 2 mai. Elle a été entendue avec Rima Hassan, mardi par la police dans le cadre d'enquêtes pour "apologie du terrorisme", après des propos liés à la guerre au Proche-Orient.

Mathilde Panot y voit "une attaque politique", après avoir été entendue "sept mois" après un communiqué publié par son groupe parlementaire le 7 octobre, jour de l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël. Ce texte avait suscité la polémique puisqu'il mettait en parallèle l'"offensive armée des forces palestiniennes" et l'"intensification de la politique d'occupation israélienne" dans les territoires palestiniens. L'élue insoumise a expliqué avoir appris lors de son audition que la plainte ayant conduit à sa garde à vue avait été déposée le 11 octobre.

"Si réellement, je faisais une apologie du terrorisme, croyez-vous vraiment qu'ils auraient attendu sept mois pour me convoquer, ce n'est pas sérieux."

Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée

sur franceinfo

"J'ose espérer dans mon pays que si quelqu'un faisait véritablement l'apologie du terrorisme, on n'atteindrait pas sept mois pour le convoquer", a-t-elle fustigé. Mathilde Panot a par ailleurs regretté que les enquêteurs "n'aient pas pris la peine de cibler" les "mots ou les phrases" qui lui sont reprochés dans le communiqué publié par son groupe parlementaire le 7 octobre. "C'est ridicule et ils n'ont même pas pris la peine de cibler certaines des choses", a-t-elle cinglé.

Panot dénonce une "instrumentalisation de la justice"

L'occasion pour elle de lier cette convocation à la campagne des élections européennes, accusant "le pouvoir" de "faire une manœuvre politicienne". "Bien sûr qu'il y a une manœuvre, une instrumentalisation de la police et de la justice en vue d'un résultat électoral", a-t-elle martelé. "Je le déplore parce que c'est très grave, la dérive qu'ils sont en train de faire prendre au pays des Lumières", a-t-elle ajouté, considérant qu'Emmanuel "Macron a réinventé la police de la pensée". "Nous devons protéger la vie politique de ce pays d'une judiciarisation qui est très grave", a-t-elle abondé. 

Les Insoumis, qui estiment que la situation à Gaza est un "génocide", ont fait de la défense de la cause palestinienne un axe majeur de leur campagne pour les élections européennes. Pour l'élue du Val-de-Marne, l'"instrumentalisation de la justice" vise à faire taire les voix propalestiniennes. La patronne des députés LFI a regretté le "deux poids, deux mesures" à l'égard des gens qui font l'apologie du génocide, en désignant nommément le député des Français de l'étranger Meyer Habib (apparenté LR).

"Meyer Habib fait une apologie du génocide."

Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée

sur franceinfo

Habitué des phrases polémiques et des invectives, le député, dont la circonscription comprend Israël, est un fervent soutien du gouvernement de Benyamin Nétanyahou dont il soutient les bombardements et les opérations militaires à Gaza. "Pourquoi est-ce nous, les voix pour la paix, qui sommes systématiquement poursuivies ?", s'est offusquée Mathilde Panot.

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