Guerre entre Israël et le Hamas : ce que l'on sait de la situation "catastrophique" à l'hôpital Nasser de Khan Younès

L'établissement, situé dans le sud de la bande de Gaza, est le deuxième plus grand hôpital de l'enclave palestinienne. Il est ciblé par l'armée israélienne, qui affirme y avoir arrêté une centaine de personnes.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 décembre 2023. (AFP)

L'état du système de soins continue de s'aggraver dans la bande de Gaza, après plus de quatre mois de conflit entre Israël et le Hamas. L'hôpital Nasser de Khan Younès, le deuxième le plus grand de l'enclave palestinienne, "n'est plus fonctionnel", a annoncé le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dimanche 18 février. L'établissement a connu un "siège d'une semaine, suivi d'un raid" de l'armée israélienne, rappelle le patron de l'OMS. 

Au sein de l'enclave palestinienne, seuls onze hôpitaux restaient partiellement en service vendredi, cinq dans le nord du territoire et six dans le sud, d'après le Bureau pour la coordination des affaires humanitaires de l'ONU. Au total, 23 hôpitaux, dont Nasser, ne fonctionnent plus. Cet arrêt des soins représente "une condamnation à mort pour des centaines de milliers de Palestiniens déplacés à Khan Younès et Rafah", a dénoncé un porte-parole du ministère de la Santé gazaoui, administré par le Hamas.

L'hôpital est désormais hors service 

Selon Tedros Adhanom Ghebreyesus, il restait dimanche environ 200 patients au sein de l'hôpital Nasser, dont au moins vingt qui "doivent être transférés d'urgence vers d'autres hôpitaux pour être soignés". Vendredi et samedi, les équipes de l'OMS n'ont pas réussi à avoir accès à l'hôpital "pour évaluer les conditions des patients et les besoins médicaux critiques", malgré l'arrivée de ces personnels de l'ONU pour délivrer du carburant.

Interrogé par Reuters, le porte-parole du ministère de la Santé gazaoui, Ashraf al-Qidra, a confirmé que l'hôpital Nasser avait été mis "complètement hors service" dimanche matin, du fait du manque de carburant et des combats autour de l'établissement. "Il n'y a plus que quatre équipes médicales – 25 personnes – qui s'occupent des patients", a-t-il précisé, ajoutant que des patients en soins intensifs ne pouvaient plus être soignés. 

Selon Ashraf al-Qidra, un manque d'oxygène a provoqué la mort d'au moins sept patients. L'approvisionnement en eau est également à l'arrêt, les générateurs étant hors service depuis plusieurs jours, et des eaux usées sont remontées aux urgences, a poursuivi le porte-parole. L'armée israélienne affirme de son côté avoir réparé le générateur de l'hôpital, et en avoir installé un deuxième de secours.   

L'armée israélienne y a mené un raid  

Jeudi, des troupes israéliennes ont pénétré dans l'hôpital pour mener une "opération ciblée et limitée", après l'obtention de "renseignements crédibles". Selon ces informations, des otages enlevés le 7 octobre en Israël ainsi que "des corps d'otages" étaient susceptibles de se trouver dans l'enceinte de l'établissementL'opération a débuté tôt jeudi matin, après des semaines d'intenses bombardements et d'affrontements avec les combattants du Hamas dans le quartier.

D'après Médecins sans frontières, l'hôpital a été ciblé par des tirs d'artillerie alors que "les forces israéliennes avaient dit au personnel médical et aux patients qu'ils pouvaient rester sur le site". Plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des scènes de chaos, comme des secouristes tentant d'emmener en lieu sûr des patients du service orthopédique, qui semblaient avoir été atteints par une frappe. D'autres images montraient des personnes marchant à travers une allée étroite pour tenter de fuir l'hôpital.

"Nous ne cherchons pas à faire du mal à des civils innocents. Nous cherchons à retrouver nos otages et à les ramener chez eux", a insisté le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari. Tsahal affirme avoir découvert au sein de l'hôpital des obus de mortier, des grenades et d'autres armes appartenant au Hamas. Sur YouTube, l'armée assure en outre avoir retrouvé des boîtes de médicaments avec des noms d'otages israéliens (et qui n'avaient pas été ouvertes), ainsi qu'un véhicule du kibboutz Nir Oz, attaqué lors des attentats du Hamas le 7 octobre.

Au total, une centaine de personnes soupçonnées d'"activités terroristes" ont été arrêtées. Selon le ministère de la Santé du Hamas, "70 membres du personnel médical, dont des médecins en soins intensifs", ont été arrêtés. Tsahal a poursuivi ses opérations dans l'enceinte de l'établissement samedi et dimanche matin, et assure avoir découvert de nouvelles armes. Selon l'armée israélienne, le raid n'a fait aucune victime, et du diesel et de l'oxygène ont été fournis. 

Médecins et patients ont dû fuir 

En pleine guerre entre Israël et le Hamas, l'hôpital Nasser a accueilli des milliers de civils déplacés par les hostilités. Selon Médecins sans frontières, "la plupart des personnes déplacées à l'hôpital Nasser" avaient "quitté les lieux, et des milliers de Gazaouis se retrouvent à nouveau sans endroit où aller".

L'ONG a annoncé qu'avec le raid israélien mené jeudi, son équipe travaillant à Nasser avait dû fuir l'établissement. "La situation était chaotique, catastrophique", a témoigné Christopher Lockyear, secrétaire général de Médecins sans frontières, aux agences AFP et Reuters. L'un des membres de l'ONG était toujours porté disparu vendredi.

Un autre médecin de l'hôpital, Ahmad Moghrabi, a raconté à l'AFP avoir fui avec sa famille, des patients et des membres du personnel médical après l'assaut israélien. "Avec ma famille, on a marché 10 km dans la nuit et le froid. Il ne reste rien à Khan Younès. Rien, a-t-il confié. On se croirait dans un film d'horreur. Il n'y a plus de rues, plus de bâtiments, seulement des cadavres partout." 

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