Guerre Israël-Hamas : ce que l'on sait de la frappe qui a touché un camp de réfugiés dans le centre de la bande de Gaza

Le bilan humain de ce bombardement, survenu dimanche dans le camp d'al-Maghazi, reste difficile à établir.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des corps de victimes de la frappe survenue dans la zone du camp de réfugiés d'al-Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza, le 24 décembre 2023. (ASHRAF AMRA / ANADOLU / AFP)

Une nouvelle attaque sanglante à Gaza. Dimanche 24 décembre, un bombardement attribué à l'armée israélienne a fait au moins 70 morts dans le camp de réfugiés d'al-Maghazi, au centre de la bande de Gaza, selon le Hamas, organisation islamiste au pouvoir dans ce territoire palestinien. Le bilan de cette frappe, décrite comme massive par les Gazaouis, n'a toutefois pas pu être vérifié de façon indépendante.

Alors que l'armée israélienne dit encore passer en revue ses opérations du 24 décembre, et que les blessés continuent d'affluer dans les hôpitaux les plus proches de la zone de l'attaque, franceinfo revient sur les circonstances de cette frappe meurtrière.

Des femmes et des enfants parmi les victimes, selon le Hamas

Le bilan de cette attaque est présenté par le Hamas comme l'un des plus lourds depuis le lancement des opérations militaires de l'armée israélienne sur Gaza, en représailles aux attaques terroristes et aux enlèvements perpétrés en Israël le 7 octobre par plusieurs groupes islamistes. Selon les autorités sanitaires de Gaza, douze femmes et sept enfants ont notamment été tués lors de la frappe sur le camp d'al-Maghazi, sur un total de 70 morts évoqué par le gouvernement local. Un bilan qui n'a pas pu être confirmé de manière indépendante par l'AFP ou franceinfo.

"Ce qui se passe au camp d'al-Maghazi est un massacre commis sur une place résidentielle bondée", a déclaré Ashraf al-Qidra, porte-parole à Gaza du ministère de la Santé, cité par le Guardian

Plusieurs vidéos postées sur les réseaux sociaux, que franceinfo n'a pu vérifier de manière indépendante, montrent sous plusieurs angles des familles se recueillir à l'hôpital central al-Aqsa, devant des dizaines de sacs mortuaires fabriqués avec des bâches blanches. Ces scènes ont aussi été relayées par des photographes travaillant avec l'agence de presse turque Anadolu. 

Après les explosions d'al-Maghazi, d'autres frappes attribuées à l'armée israélienne ont été signalées dimanche, puis dans la nuit de dimanche à lundi à Gaza, notamment autour de la petite ville d'al-Zawaida, mais aussi à Khan Younès, dans le sud de l'enclave palestinienne. Ces attaques ont fait 30 morts au total, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Un camp de réfugiés frappé pour la troisième fois en moins de deux mois

Le 4 novembre, le camp d'al-Maghazi avait déjà été touché par des bombardements meurtriers. "Nous avons vu les barils tomber et la ville s'est remplie de fumée", décrivait alors un témoin des explosions, qui avaient fait une quarantaine de morts, selon le Hamas. Le 11 décembre, le camp avait une nouvelle fois été secoué par des détonations, laissant plusieurs bâtiments et des habitations en ruines. Vingt-deux personnes avaient été tuées, d'après un bilan de l'organisation islamiste, relayé par l'agence de presse officielle qatarienne.

Une place frappée par des explosions dans le camp de réfugiés d'al-Maghazi, au centre de la bande de Gaza, le 11 décembre 2023. (AFP)

Comme le rappelle sur son site l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA), le camp d'al-Maghazi est l'un des plus petits sites d'accueil de déplacés à Gaza. Avant le début de la guerre entre Israël et le Hamas, plus de 33 000 personnes vivaient officiellement dans cette zone surpeuplée, d'une superficie de 600 mètres carrés. 

"Les abris sont construits à proximité les uns des autres et il y a un manque d'espaces de loisirs et de vie sociale", décrit l'UNRWA. "Dans de nombreux cas, les résidents ont dû ajouter des étages à leurs abris pour accueillir leurs familles", précise le programme des Nations unies.

L'armée israélienne dit faire des vérifications

Accusée d'être à l'origine des bombardements sur le camp d'al-Maghazi, l'armée israélienne n'a pour l'instant pas confirmé ni démenti avoir lancé cette attaque. "L'incident est en cours d'examen", déclare Tsahal à la presse internationale et à franceinfo, après avoir annoncé dimanche soir vouloir "vérifier" ses rapports d'opération pour la journée du 24 décembre.

"Malgré les défis posés par les terroristes du Hamas opérant dans les zones civiles de Gaza, l'armée israélienne s'est engagée à respecter le droit international et à prendre les mesures possibles pour minimiser les dommages causés aux civils", a par ailleurs assuré un porte-parole de l'armée israélienne, cité par le Guardian.

Alors que les opérations de l'armée israélienne continuent à Gaza et sont marquées par des frappes aériennes "de protection" et d'intenses combats au sol, selon les derniers communiqués de Tsahal, la situation empire chaque jour un peu plus dans l'enclave palestinienne. 

Vendredi 22 décembre, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est mis d'accord sur une résolution visant à améliorer de façon significative l'aide humanitaire aux quelque 2 millions de civils piégés dans cette bande de terre. Mais la perspective d'un cessez-le-feu reste lointaine, alors que 129 otages seraient encore aux mains du Hamas à Gaza et que le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, assurait dimanche n'avoir "pas d'autre choix que de continuer à combattre". Lundi, après avoir déclaré s'être rendu à Gaza, il a aussi promis "une intensification" des opérations contre le Hamas.

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