: Reportage "La situation allait forcément exploser un jour" : au Liban, le "nouvel espoir" des réfugiés palestiniens après l'attaque du Hamas contre Israël
Au Liban, dans les camps de Sabra, Chatila et Burj El Barajneh, dans le sud de Beyrouth, des dizaines de milliers de Palestiniens célèbrent l’offensive inédite du Hamas, lancée samedi 7 octobre au petit matin depuis Gaza, dont le bilan s'élève à plus de 1.100 morts au total.
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Chassés de leur terre il y a 75 ans, beaucoup d’entre eux ont le sentiment de prendre une revanche, comme Karim, 22 ans : "On s'attendait à ce qu'il y ait une opération, mais pas à ce qu'elle soit aussi impressionnante. Je n'ai jamais vu ça dans ce camp. Tout le monde est tellement heureux. C’est triste de voir tous ces gens mourir, bien sûr, mais c’est une guerre : il y a forcément des morts des deux côtés. Si je pouvais, j’irais rejoindre les combats en Palestine, quitte à mourir en martyr. Et tous les gens de mon âge ici vous diront la même chose", explique-t-il.
"Au Liban, on vit dans le malheur et la pauvreté"
Les jeunes comme Karim ont grandi dans la misère au Liban : ici, les réfugiés n’ont pas le droit d’aller à l’école, ne peuvent pas exercer la plupart des métiers et n’ont aucune perspective d’avenir. Ils vivent dans un climat de haine à l’égard d’Israël. "Ça fait 75 ans que les Israéliens commettent des crimes contre nous, le peuple palestinien. Aujourd’hui encore, ils tirent sur des immeubles résidentiels où il y a des enfants, des personnes âgées... La situation allait forcément exploser un jour. Et ce jour est arrivé", explique Mahmoud, 29 ans.
Wafa, 45 ans, se prend à rêver : elle se voit bientôt quitter ce camp insalubre, et rentrer sur sa terre d’origine. "Même si je ne suis pas né en Palestine, la Palestine vit en moi. Et je veux y retourner ! Le Liban nous a accueillis bien sûr, c’est notre deuxième pays, mais ici, on vit dans le malheur et dans la pauvreté. On n'a pratiquement pas d’eau, ni d’électricité. On est entassés les uns sur les autres, nos conditions de vie sont inhumaines, tout le monde a des maladies. Pourquoi est-on obligé de vivre comme ça, alors que nous avons une terre, la Palestine ? S’ils ouvrent la frontière, tous les réfugiés vont courir vers notre patrie, moi la première. Désormais, cet espoir renaît", confie-t-elle.
Plusieurs factions palestiniennes du Liban souhaitent se joindre à l’offensive du Hamas, mais elles ont besoin de l’aval du Hezbollah qui contrôle le sud du pays. Pour l’instant, la milice chiite libanaise ne semble pas vouloir s’engager dans un conflit frontal avec Israël.
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