Reportage "Un sentiment qu'on ne peut pas expliquer" : en Cisjordanie, l'émotion des Palestiniens qui retournent dans leur village après en avoir été chassés par des colons israéliens

Une vingtaine de familles avaient fui leur hameau à cause du harcèlement répété de certains colons israéliens. Le retour se fait entre soulagement et douleur.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des Palestiniens constatent les dégâts en retournant dans leur village de Zanuta, en Cisjordanie occupée. (IMAGO/MAMOUN WAZWAZ / APAIMAGES via MAXPPP)

À Khirbeit Zanuta, il y avait des larmes, des signes de victoire chez certains Palestiniens, des sourires en demi-teinte chez d'autres, constatant les dégâts. Pour la première fois depuis octobre 2023, les 20 familles de ce petit hameau au sud de Yatta, dans la région d'Hébron, en Cisjordanie occupée, ont pu revenir sur leurs terres.

Ils avaient été chassés par les colons israéliens des alentours qui les harcelaient en permanence. Des attaques devenues invivables après le 7 octobre, mêlées d'un esprit de vengeance. Après une décision de justice qui a déjà été repoussée, les Palestiniens ont enfin pu, mercredi 21 août, revenir sur les lieux.

Un "jour de joie"

Menés par leurs bergers, quatre troupeaux de chèvres et de moutons traversent la route et se dirigent jusqu’au village de Zanuta. Du moins, ce qu’il en reste. Hassan BaTal, un habitant de 43 ans, est revenu au matin dès la première heure. Ses yeux sont embués : il vient d’enlacer un olivier et montre du doigt quelques vieilles pierres derrière lui. 

"Ça, c’est ma maison. Et aujourd’hui, c’est un jour de joie, un sentiment qu’on ne peut pas expliquer. Bravo à nous tous, ici de retour. C’est grâce à Dieu. Toutes les familles, tous ceux qui habitaient ici vont revenir. La peur des colons ? Tant pis."

"Qu’on soit ici à Zanuta, à Dahariyeh, à Hébron, ou même en Israël, la peur et le risque seront les mêmes."

Hassan BaTal, un habitant en Cisjordanie occupée

à franceinfo

Cela fait dix mois qu’il n’était pas revenu ici et qu’il vivait à Dahariyeh, sur une terre qu’il louait. Mais après la joie vient le contraste, la prise de conscience lors de l'inspection des lieux. La petite école de Zanuta, financée par l'Union européenne, a été brûlée par des colons puis réduite à l’état de gravats après le passage des bulldozers. Il y a aussi les dégâts plus ou moins importants sur les parcelles de terre des uns et des autres.

Des champs d'oliviers déracinés

Mustafa Al-Tell fait les cents pas entre ses oliviers déracinés, secs et coupés nets. "Les colons sont venus il y a dix jours et ont coupé mes 45 arbres. Et là, c'étaient des plants d'aubergines. Il n’y a plus rien." Il raconte qu'ici, c’était "sa petite ferme".

"J'emmenais mes enfants, ma femme, on venait ici pour travailler. Pourquoi les colons ont aussi piqué mes olives ? N'est-ce pas indécent ? C’est ma terre, c’était la prunelle de mes yeux." Mais Mustafa l’assure : il travaillera ce qu’il pourra, pour la remettre en état.

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