L'Iran attend son nouveau président
Le vote de la population iranienne ce vendredi mettra un terme à une campagne animée. Le candidat sortant Mahmoud Ahmadinejad joue gros. Cet ultraconservateur, qui se présente en défenseur des pauvres et en dévot de l'islam, tente de se faire réélire pour quatre ans.
Il aura tout fait pour garder ses chances de résister à la montée en puissance de son principal et plus sérieux adversaire, le conservateur modéré Mir Hossein Moussavi.
Tout au long de son mandat Ahmadinejad a choyé l'électorat populaire qui l'a porté au pouvoir en 2005. Il fait aujourd’hui le pari qu'il le soutiendra de nouveau. Le président table sur le soutien des bénéficiaires de ses largesses, avec des prêts sans intérêt, dons en liquide et subventions sur les produits de première nécessité.
Contrairement à ses prédécesseurs, qui gouvernaient le pays depuis la capitale, Ahmadinejad a sillonné l'Iran sans relâche pendant les quatre années de son mandat. En 2005, il se posait en “serviteur du peuple”. Cette fois, il est celui qui se bat contre le “cercle fermé de ceux qui ont monopolisé l'économie”.
L’économie justement, c’est l’un des créneaux de Mir Hossein Moussavi. Homme discret, qui se définit comme un “réformateur attaché aux principes” de la révolution islamique de 1979, cet ex-Premier ministre revient sur le devant la scène après une éclipse de 20 ans. Moussavi s'est engagé à ramener la stabilité dans une économie secouée par la politique dispendieuse et inflationniste du président Ahmadinejad. Il a également attaqué le président sortant en l'accusant d'attenter à l'image de l'Iran à l'étranger.
Bien que manquant de charisme, il bénéficie d'un soutien visible et bruyant d'une bonne partie de la jeunesse dans les villes qui revendique de plus grandes libertés individuelles. Cette jeunesse voit en lui la possibilité d’une libéralisation de la société iranienne.
Moussavi a aussi le soutien d'une partie de l'électorat féminin avec son engagement à assurer l'égalité des sexes.
S’il remporte l’élection, l’ex Premier ministre entend utiliser de nombreux experts dans son administration, alors que M. Ahmadinejad a été accusé par ses détracteurs de privilégier la fidélité à sa personne. Moussavi connaît bien l’appareil politique.
Lorsqu’il quitte son poste en 1989, il devient de conseiller des présidents Akbar Hachémi Rafsandjani (1989-1997), un conservateur pragmatique, puis du réformateur Mohammad Khatami (1997-2005). Ce dernier, qui s'était initialement porté candidat pour le scrutin du 12 juin, s'est désisté au profit de M. Moussavi à qui il a apporté son soutien.
Texte : Mikaël Ponge, avec agences
Photos : Gregory Philipps
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