L'UE retire les Moudjahidine du Peuple de sa liste terroriste
"Après le jugement le 4 décembre du tribunal de première instance de la Cour européenne de justice, une organisation, les Moudjahidine du Peuple, n'a pas été incluse sur la liste", indique le texte approuvé aujourd’hui par les ministres européens des Affaires étrangères, réunis à Bruxelles.
La liste, c’est celle des organisations considérées comme terroristes et donc interdites par l’UE. Créée en 2002 suite aux attenants du 11 septembre 2001 et actualisée tous les six mois depuis, on y trouve des organisations telles que le Hamas (territoires palestiniens) ou encore les Tigres tamouls (Sri Lanka). Une liste noire sur laquelle figurait aussi jusqu’à aujourd’hui l’Organisation des moudjahidine du peuple iranien.
Fondée en 1965 avec pour objectif initial de renverser le régime du Chah, l’OMPI est devenue après la révolution de 1979 la principale organisation d’opposition au régime de la République islamique. Accusés par le pouvoir iranien de trahison pour s'être alliés dans les années 80 au régime de Saddam Hussein lors de la guerre Iran-Irak dans les années 80, ses membres sont généralement haïs en Iran.
Le mouvement est relativement peu implanté en Iran et un certain nombre de ses membres résident en Europe. C’est notamment le cas du leader du Conseil national de la résistance iranienne, Maryam Rajavi, qui vit en France, banlieue parisienne, et y circule librement. Mme Rajavi, qui affirme que l’OMPI n’a aucune activité terroriste, accuse les pays européens et notamment la France de s’acharner contre l’organisation dans le but notamment d’apaiser des tensions avec Téhéran, stigmatisées par le dossier du nucléaire et la situation au Proche-Orient.
Après trois ans de combat juridique, l’OMPI a finalement obtenu gain de cause devant la justice européenne. Le 4 décembre dernier, une décision du tribunal de première instance de la Cour européenne a en effet annulé le gel des fonds des Moudjahidine et reproché à l’UE d’avoir "violé les droits de la défense des Moudjahidines" en ne fournissant pas les "nouvelles informations" qui justifieraient de leur maintien sur la liste. En d’autres termes, faute de preuves sur les activités terroristes dont certains pays, comme la France et l'Allemagne, la soupçonnent encore, l’OMPI n’est plus considérée comme une organisation terroriste. Suite à cette décision de justice, l’UE n’avait plus guère d’autres choix que de radier l’organisation de sa liste noire.
Reste à savoir maintenant quelle sera la réaction de Téhéran à cette annonce. Déjà, plusieurs manifestations ont eu lieu en Iran. La France, qui avait déposé un recours contre la décision du 4 décembre de la CEJ, pourrait, s’il elle obtient gain de cause, demander la réinscription de l’OMPI sur la nouvelle liste de l'UE qui devrait être actualisée fin juillet.
Cécile Mimaut, avec agences
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