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Le président syrien a pris la parole lundi pour la troisième fois depuis le début de la contestation le 15 mars

Lors de son intervention, Bachar al-Assad a promis des réformes susceptibles de mettre fin à l'hégémonie de son parti sur l'appareil de l'Etat, tout en se disant déterminé à faire cesser le "chaos".Mais le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé lundi que Bachar al-Assad a atteint "un point de non retour".
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Le président syrien Bachar al-Assad lors de son allocution télévisée du 13 avril 2011 (AFP/SYRIAN TV)

Lors de son intervention, Bachar al-Assad a promis des réformes susceptibles de mettre fin à l'hégémonie de son parti sur l'appareil de l'Etat, tout en se disant déterminé à faire cesser le "chaos".

Mais le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé lundi que Bachar al-Assad a atteint "un point de non retour".


"Certains considèrent qu'il est encore temps pour lui de s'amender et d'engager un processus" de réformes, a souligné le ministre français à l'issue d'une réunion à Luxembourg avec ses homologues européens. "Pour ma part j'en doute, je crois que le point de non retour a été atteint", a ajouté M. Juppé lors d'une conférence de presse.

"En tout cas ce n'est pas la déclaration d'aujourd'hui qui change le contexte", a-t-il commenté en référence au discours de M. al-Assad fait lundi à l'Université de Damas.

De leur côté, les Etats-Unis ont demandé lundi "des actes, pas des mots" après le discours du président syrien. Ce "régime survit grâce à la répression, la corruption et la peur", a affirmé la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland.

Le discours n'apaise pas les opposants

Des manifestants ont défilé dans la cité universitaire d'Alep (nord), dans les localités de Saraqeb et de Kafar Noubl dans le gouvernorat d'Idleb (nord-ouest), ainsi qu'à Homs (centre), a indiqué le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane, basé à Londres.

"Les protestataires ont dénoncé le discours qui les a qualifiés soit de saboteurs, soit d'extrémistes ou de gens ayant des besoins. Les protestataires réclament la liberté et la dignité", a-t-il affirmé.

Selon d'autres militants, des rassemblements ont également eu lieu à Hama (nord) et Lattaquié (ouest). A Hama, les manifestants sont descendus dans la rue par milliers sans attendre la fin du discours pour réclamer le départ du président Assad.

Le discours du président syrien

Si Bachar al-Assad a promis des réformes susceptibles de mettre fin à l'hégémonie de son parti sur l'appareil de l'Etat, il n'a pas annoncé de mesures concrètes immédiates et a de nouveau parlé de "complot" contre son pays.

Il a expliqué que les réformes envisagées ne pouvaient être décidées dans la précipitation, proposant d'attendre l'élection d'un nouveau Parlement prévu en août pour leur examen. M. Assad a appelé à un "dialogue national qui pourrait aboutir à des amendements à la Constitution ou à une nouvelle Constitution", se demandant "si l'on peut amender certaines de ses clauses, notamment la clause 8".

Cette clause fait du Baas le "parti dirigeant de l'Etat et de la société" en Syrie depuis 1963. Son annulation est l'une des revendications principales de l'opposition. "Il y a certainement un complot" contre la Syrie , a poursuivi le chef de l'Etat. "Les complots sont comme des microbes qu'on ne peut éliminer, mais nécessitent que l'on renforce notre immunité".

Les opposants, les militants pro-démocratie et les manifestants syriens réclament la chute du régime, des élections libres et l'annulation de la suprématie du parti Baas, après avoir jugé tardives et insuffisantes des annonces de réformes.

Le pouvoir a envoyé ces derniers mois ses troupes et ses chars dans de nombreuses villes pour réprimer les contestataires, arguant que leur intervention avait été dictée par la présence de "terroristes armés qui sèment le chaos", sans vouloir reconnaître explicitement l'ampleur de la contestation.

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