Le régime syrien lâche du lest sous la pression de la rue
Difficile de s'empêcher de penser au déroulement des révolutions tunisienne et égyptienne. La Syrie suivra-t-elle le même chemin ? Les manifestations de plus en plus importantes dans la ville de Deraa, près de la frontière jordanienne semblent prendre un tour nettement révolutionnaire, malgré la répression.
Des milliers de personnes ont ainsi défilé aujourd'hui à l'occasion des funérailles des manifestants tués hier. Ils auraient été au moins 20.000, aux abords du cimetière sud de la ville. Le cortège s'est transformé en manifestation politique, aux cris de “le sang des martyrs ne sera pas versé en vain !”
Vidéo montrant les manifestations d'hier à Deraa, réprimées par des tirs à balles réelles et des tirs de gaz lacrymogènes (attention, certaines images peuvent heurter).
La police secrète et la police spéciale, en uniforme noir, se sont montrées aux abords du cortège. En revanche, l'armée était cette fois plus en retrait, mais des soldats en armes patrouillaient dans les rues de la ville et des voyageurs ont croisé d'importants convois militaires.
La répression des troubles qui durent depuis vendredi aurait été féroce. 44 personnes auraient été tuées entre vendredi et mardi, et les affrontements de mercredi auraient été particulièrement meurtriers, puisque des selon un responsable de l'hôpital local, 37 corps auraient été amenés dans son établissement, et des militants des droits de l'Homme font état de 100 morts. Des bilans invérifiables en l'état, faute de possibilités de recoupements.
Si l'essentiel de la contestation contre le régime de Bachar al-Assad se concentre à Deraa, pourtant un fief du parti Baas, au pouvoir depuis 1963, des signes de mécontentements apparaissent dans d'autre villes, et notamment dans la capitale, Damas. Des affiches barrées du mot “Liberté” ont fait leur apparition sur les murs à côté des slogans officiels à la gloire du régime.
Face à ce mouvement qui enfle, le pouvoir tente d'actionner une soupape. Du moins promet-il de le faire. Bousaïna Chaabane, conseillère du président Bacharal Assad, a assuré que les revendications des protestataires “sont légitimes” . Et elle annonce qu'il envisage de lever la loi d'urgence, en vigueur depuis 1963. De “nouveaux mécanismes pour lutter contre la corruption vont être mis en place”, explique-t-elle aussi. Des mesures qui, comme en Tunisie et en Egypte, pourrait avoir un air de “trop peu, trop tard” pour les manifestants.
Grégoire Lecalot, avec agences
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