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"Il est temps d'imposer un deuil" : un an après l'explosion sur le port de Beyrouth, l'heure n'est pas encore à la reconstruction des quartiers dévastés

Dans la ville ravagée par l'explosion de l'entrepôt de nitrate d'ammonium, le 4 août 2020, les habitants veulent connaître les causes et les responsabilités dans la catastrophe, avant d'envisager la reconstruction de leurs quartiers.

Article rédigé par Christian Chesnot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"On ne peut pas reconstruire une ville si on a pas vu pourquoi on est arrivé là", estime l'architecte-urbaniste libanais Youssef Tohmé. (AFP)

Le 4 août 2020, le port de Beyrouth et les quartiers avoisinants étaient ravagés par une énorme explosion, liée à un stock de nitrate d'ammonium entreposé dans le port. 214 personnes ont perdu la vie, plus de 6 500 blessés, et des quartiers entiers détruits. Depuis, plus de 20 000 tonnes de débris et de gravats ont été triés et évacués. Mais un an après la tragédie, la question de la reconstruction du port et des quartiers dévastés est toujours sur la table. 

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Le jour du drame, Youssef Tohmé, architecte-urbaniste franco-libanais, n'était pas dans son agence située dans le quartier de la Quarantaine, heureusement pour lui. Ses bureaux sont dévastés par le souffle de l'explosion.

Des réponses pour pouvoir avancer 

Un an plus tard, pour lui, parler de reconstruction est encore prématuré, car le temps du deuil n'est pas terminé. "Il est temps d'imposer un silence, un deuil", estime-t-il, "parce qu'il y a une erreur qui est grave, qui a engendré beaucoup de morts. On ne peut pas reconstruire une ville si on n'a pas vu pourquoi on est arrivé là."

"On ne peut pas passer à autre chose comme ça."

Youssef Tohmé, architecte-urbaniste à Beyrouth

à franceinfo

Comment imaginer de nouveaux horizons urbains pour Beyrouth après une telle tragédie ? Il faut d'abord prendre le temps d'écouter les habitants, et faire de la place à la nature, insiste Youssef Tohmé. "Il manque des arbres, de la végétation." Et puis, selon lui, "il faut des endroits où on peut réfléchir ensemble, prendre le temps, s'isoler. Avant, on avait ça dans les églises, dans les mosquées. Et je pense que la végétation, la nature peut rassembler, parce qu'elle est au-dessus des codes sociaux et politiques."

Pour Youssef Tohmé, comme pour bon nombre des habitants des quartiers dévastés, la priorité est surtout d'éviter à tout prix une spéculation immobilière, comme celle qu'a connue Beyrouth après la guerre civile.

Beyrouth un an après vu par un architecte-urbaniste : reportage de Christian Chesnot

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