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Le chef du Hezbollah s'emporte contre le prince saoudien Mohammed Ben Salmane

Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a piqué une grosse colère contre le vice-prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane. Réagissant aux propos du nouvel homme fort de Ryad excluant tout dialogue avec l’Iran, le chef du mouvement chiite libanais s’est emporté. Il a défendu l’idée d’un «messie attendu» par tous les musulmans et prévenu que son avènement adviendrait à La Mecque.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le vice-prince héritier saoudien et ministre de la Défense, Mohammed Ben Salmane, le 11 avril 2017 à Riyad. Il promet de porter la bataille en Iran avant qu'elle n'arrive en Arabie saoudite. (BANDAR AL-JALOUD/Saudi Royal Palace/AFP)

Querelles de minaret, conflit théocratique ou guerre d’hégémonie régionale, loin de se calmer, l’opposition entre les deux pôles sunnite et chiite de l’Islam vient d’être relancée de plus belle par les propos de responsables libanais et saoudiens sur une question hautement théologique.
 
Dans un long entretien accordé à la chaîne saoudienne Al-Arabiya sur son projet économique Vision 2030 et sa politique générale, le nouvel homme fort de Ryad, Mohammed Ben Salmane, a écarté non sans ironie toute possibilité de dialogue direct avec l’Iran.

Le vice-prince héritier saoudien menace de porter la bataille en Iran 
«Comment voulez-vous vous mettre d’accord avec quelqu’un ou un régime qui a comme conviction profonde une idéologie extrémiste inscrite d’ailleurs dans la constitution et dans le testament de Khomeini. Celle de préparer l’arrivée d’al-Mahdi al-montathar (le messie attendu), en dominant le monde islamique et en propageant l’école jaafarite des duodécimains qui leur est particulière», a expliqué celui qui cumule les fonctions de vice-prince héritier et de ministre de la Défense du royaume.
 
Opposant cette croyance à celle consistant à régler des désaccords économique ou politique en trouvant un terrain d’entente, il a critiqué les dirigeants iraniens qui ont «privé pendant plus de trente ans leur peuple de la croissance», ou qui ont alterné les régimes, depuis Rafsandjani à aujourd’hui en passant par Ahmadinejad, pour faire progresser la République islamique fondée par l'ayatollah Khomeini.
 
«Nous savons que pour le régime iranien, l’Arabie Saoudite est un objectif principal. Nous n’attendrons pas que la bataille parvienne dans le royaume. Nous ferons tout pour que la bataille se déroule en Iran et non en Arabie Saoudite», a-t-il prévenu.
 
Une critique acrimonieuse du dogme chiite par excellence consistant à croire en la venue, à la fin des temps, d’un Imam encore «caché» pour qu’advienne la volonté divine.
Etonnamment, la riposte n’est pas venue d’Iran mais du Liban. Plus précisément, du secrétaire général du Hezbollah, le mouvement chiite libanais pro-iranien et fer de lance de l’exportation de la révolution islamique.
 
Le chef du Hezbollah prophétise l'avènement imminent de l'Imam caché

«Tout le monde sait que l’Imam al-Mahdi, que tous les musulmans attendent, surgira de La Mecque, a rétorqué Hassan Nasrallah, martelant pas de Téhéran, ni de Bagdad, ni de Damas, ni de Beyrouth, nous aurions d’ailleurs préféré de la banlieue-Sud. Il sortira de La Mecque!»

 
Sur un ton docte, Hassan Nasrallah s’est employé à expliquer au vice-prince héritier saoudien que la question de l’Imam attendu n’était «pas une question chiite ou iranienne», mais qu’elle faisait «consensus chez tous les musulmans».
 
Puis se laissant emporter par la colère, Hassan Nasrallah a mis en garde le vice-prince héritier Mohammed Ben Salmane: «Lorsqu’adviendra l’avènement de ce Mahdi, il ne restera pas de souverain injuste, ni de prince despotique, ni de tyran corrupteur, et il emplira la terre, comme l’a dit le messager de dieu Mohamed, d’équité et de justice, après qu’elle aura été emplie d’injustice et de tyrannie.»
 
Poursuivant sur le même ton véhément qu’il sait si bien manier, «ce jour arrive, a-t-il prophétisé, et ni toi, ni tes ancêtres, ni tes descendants ne pourront changer quoi que ce soit à ce destin divin», a-t-il conclu. 
 

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