Le Hezbollah libanais engagé avec Assad en Syrie
Koussaïr, ville tenue par les insurgés syriens située entre Homs et la frontière libanaise (à une dizaine de kilomètres), subit depuis le 19 mai 2013 les coups de boutoir des forces gouvernementales syriennes appuyées par les combattants aguerris du Hezbollah libanais.
Cette base arrière du régime syrien est capitale pour Bachar al-Assad, car elle relie Damas au littoral, où vivent de nombreux alaouites (branche du chiisme). Le régime veut ouvrir un passage entre cette région côtière et la plaine libanaise de la Bekaa, fief du Hezbollah.
Koussaïr, où transitent armes et combattants à partir du Liban, est aussi un enjeu pour les rebelles syriens.
Nasrallah engage ses troupes
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a pris position en faveur du régime syrien dès mars 2011, a reconnu le 30 avril l'engagement de ses troupes (ils seraient 1.200 combattants d’élite) à Koussaïr et dans le haut lieu chiite de Sayeda Zeinab.
Le leader chiite a dans la foulée proposé son aide à Bachar al-Assad pour reconquérir le plateau du Golan occupé depuis 1967 par Israël, qui l’a annexé fin 1981.
Les inquiétudes
L’Etat hébreu surveille de près l'implication des membres du Hezbollah libanais dans le conflit syrien. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a d’ailleurs menacé le 19 mai de lancer de nouvelles frappes aérienne sur la Syrie pour empêcher le Hezbollah et d'autres groupes radicaux de récupérer les armes livrées par Moscou à Damas.
Washington, qui considère le «parti de Dieu» comme un mouvement «terroriste», dénonce depuis des mois ces transferts d'armes entre le Hezbollah et la Syrie.
La genèse du Hezbollah
Créé en 1982 par les Gardiens de la Révolution (Pasdarans) en Iran, avec l’aide de la Syrie, dans la foulée de l'invasion israélienne au Liban, le Hezbollah est financé et armé par Téhéran et Damas.
Il se bat contre l'occupation israélienne au Liban-Sud. Ses offensives poussent au retrait de l’Etat hébreu de la zone en 2000, après 22 ans d'occupation.
En 2006, le mouvement, déjà dirigé par le charismatique Hassan Nasrallah, déclenche un conflit avec Israël. Malgré une violente riposte, Tsahal n’arrive pas à le neutraliser.
Très organisé, le Hezbollah rassemble des milliers de militants. Il a réussi à mettre à son service de puissants réseaux de sécurité, de renseignements et de télécommunications.
Des rivalités confessionnelles
Sa popularité au Liban et dans le monde arabe est à son comble. La mise en œuvre d’un système d'aides sociales le conforte auprès d’une partie des Libanais.
Mais en 2008, après des affrontements meurtriers entre ses partisans et ceux de Saad Hariri, dirigeant sunnite de la majorité parlementaire, le vent tourne. La prise de contrôle, durant quelques jours, de Beyrouth-Ouest (à majorité musulmane) et les rivalités confessionnelles écornent son image.
Le Hezbollah est au pouvoir avec ses alliés à Beyrouth. Participera-t-il au gouvernement que doit former le nouveau Premier ministre Tammam Salam (sunnite), suite à la démission de son prédécesseur, Najib Mikati, en mars 2013? Sans doute. «Puisque tout le monde a pris part à ma nomination, tout le monde devrait être impliqué aussi dans la formation du gouvernement», a lancé Tamman Salam.
Le conflit s’externalise
Pour l’heure, le Liban – 4 millions d’habitants –, voit affluer chaque jour de nouveaux réfugiés syriens sur son sol. Ils seraient, selon certains experts, 700.000.
De quoi déstabiliser un peu plus un pays, qui a toujours entretenu des liens avec la Syrie, et où les pro et anti-Assad s’affrontent, comme à Tripoli, ville du nord qui vit au rythme des violences.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.