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Bataille de Mossoul : le général irakien à la tête des opérations est serein

La bataille de Mossoul sera sans doute la dernière grande bataille pour bouter l’organisation Etat islamique hors d’Irak. La coalition veut reprendre la ville avant la fin de l’année et, à l’approche du déclenchement de l’offensive, le général irakien qui commande les opérations affiche sa sérénité. L’envoyé spécial de franceinfo l’a rencontré.

Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'armée irakienne se prépare à la bataille de Mossoul contre l'Etat islamique (MARWAN IBRAHIM / AFP)

Les préparatifs s’intensifient, de nombreux convois militaires arrivent sur les fronts autour de Mossoul, la deuxième ville du pays. Entre deux réunions avec le commandement américain, le général Najim Al-Jibouri, haute stature et petite moustache, prend le temps de recevoir assis derrière son vaste bureau de la base de Makhmour au sud-est de Mossoul. Une cigarette à la bouche, avec une voix calme, il explique que la bataille s’annonce imminente. "Le Premier Ministre a promis que Mossoul serait libérée avant la fin de l’année. Les opérations vont donc être lancées prochainement" selon le général. 


Le général irakien à la tête des opérations affiche une certaine décontraction avant la bataille de Mossoul : le reportage de Jérôme Jadot

Alors que les combattants de l’Etat islamique harcèlent toujours quotidiennement l’armée irakienne sur les fronts autour de Mossoul, le général Al-Jibouri affiche sa décontraction "ça sera tout rose" lâche-t-il, dans un éclat de rire. Les systèmes de défense mis en place par l’Etat islamique ne semblent pas le troubler outre-mesure "Les hommes de Daech ont creusé des fosses pour y mettre du pétrole. Ils font aussi des tas de pneus qu’ils incendieront ensuite. Ils veulent faire beaucoup de fumée pour gêner les avions de la coalition. Ils coupent aussi les routes avec des blocs de bétons et ils déposent des mines sur les principaux axes tout autour de la ville."

Le moral des jihadistes est atteint selon le général 

Mais le plus important pour celui qui pilotera l’offensive et qui jongle déjà avec ses trois téléphones portables, c’est que le moral des djihadistes est, selon lui, atteint alors que le Pentagone assure avoir liquidé en un mois dix-huit hauts responsables de l’Etat islamique à Mossoul . Le général Al-Jibouri ajoute : "On en a même tué plus que ça. Les forces de la coalition ont visé toute la hiérarchie de Daech. Ils ont maintenant des chefs, non pas de deuxième, mais de troisième catégorie."

Coordonner des milices qui se détestent 

Des hommes plus jeunes mais qui ont grandi sous l’Etat islamique et qui pourraient être encore plus jusqu’au-boutistes que leurs aînés. La détermination de l’ennemi ne sera toutefois pas le seul défi de Najim Al-Jibouri. Il faudra aussi coordonner des alliés qui se détestent : armée irakienne, soldats kurdes et des milices chiites auteures d’exactions dans d’autres villes libérés. "Le Premier ministre autorisera seulement l’armée irakienne à entrer dans la ville. Les milices chiites, si elles, participent à l’offensive ce sera à l’extérieur de la ville."

Essayer d'éviter de nuire aux populations civiles

Il s’agit avant tout d’éviter de raviver les tensions communautaires dans une ville de Mossoul très largement sunnite où vit encore plus d’un million de personnes. "On compte beaucoup sur les forces de la coalition pour détruire Daech sans nuire aux populations civiles. En plus, nous avons des forces entraînées pour les combats de rue, c’est pourquoi on demande aux civils de ne pas sortir.

Nous avons prévu des corridors humanitaires, mais nous préférons que les habitants restent dans la ville.

Le général Najim Al-Jibouri

Le général Al-Jibouri compte, en fait, sur une insurrection populaire contre les djihadistes, même si ses troupes sont évidemment prêtes. Ces deux ans de combats contre l’Etat islamique, c’étaient dit-il,  "nos études supérieures, maintenant nos études sont finies."

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