Comment la famille de l'otage Steven Sotloff a organisé le blackout sur ses liens avec Israël
L'enlèvement du journaliste américain n'a été révélé qu'un an après sa capture. Durant ce laps de temps, rien n'a filtré non plus sur le judaïsme de ce reporter dont l'éxecution a été revendiquée début septembre.
Il a été kidnappé en août 2013, juste après avoir franchi la frontière entre la Turquie et la Syrie. Mais l'enlèvement de Steven Sotloff n'a été révélé au grand public qu'un an plus tard, lorsque les jihadistes de l'Etat islamique l'ont désigné comme prochaine victime dans la vidéo de l'exécution de James Foley. Avant cela, le blackout était complet sur le cas de ce journaliste américain.
Ce trentenaire, également citoyen d'Israël, a été décapité, comme le montre une vidéo diffusée le 2 septembre. Depuis, ses proches racontent comment ils ont effacé toute trace de la religion et des liens de Steven Sotloff avec Israël, dans une tentative de le protéger de ses geôliers, dont l'antisémitisme virulent est connu.
150 personnes mobilisées
Descendant d'un survivant de l'Holocauste, scolarisé dans une école élémentaire juive de Floride où enseigne sa mère, Sotloff avait séjourné plusieurs années en Israël : il avait réalisé son aliyah ("montée" en hébreu), retournant s'installer en Israël, il y a dix ans, selon la version en ligne du quotidien israélien Yedioth Ahronoth. Il jouait notamment dans le club de rugby de Ra’anana, au nord de Tel-Aviv, ajoute le Jerusalem Post.
Après la nouvelle de sa capture, un réseau de famille et d'amis - quelque 150 personnes parlant 20 langues différentes - s'est activé pour faire disparaître ces informations. Tous les articles qu'il avait écrits pour des publications israéliennes, dont le Jerusalem Report, ont été supprimés, rapporte Ynetnews.com (lien en anglais). Ainsi que toutes les mentions de sa double nationalité et de sa religion dans les articles le concernant.
Des échanges Facebook effacés
"Nous avions deux missions : localiser tous ses amis dans le monde, et s'assurer qu'ils ne parlent pas aux journalistes", expliquent l'un d'entre eux à Ynetnews. Mais aussi "convaincre les journalistes écrivant à son sujet de retirer tout lien entre lui et Israël ou le judaïsme". Des cadres au sein de Tsahal ont même imposé la loi du silence pour que sa citoyenneté israélienne ne soit pas révélée, rapporte le Los Angeles Times (lien en anglais). Selon le quotidien américain, une collègue israélienne de Sotloff a ainsi découvert que tous leurs messages échangés sur Facebook avant sa capture avaient été effacés.
Le journaliste lui-même a réussi à cacher sa pratique religieuse, raconte un ancien codétenu anonyme à Ynetnews (en anglais). Il avait notamment prétexté être malade et ne rien pouvoir avaler afin de jeûner pour Yom Kippour, le "jour du Grand Pardon", l'une des fêtes juives les plus importantes du calendrier.
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