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De Lourdes à Bartella : près de Mossoul, une ville chrétienne retrouve sa Vierge Marie

Près de Mossoul (Irak), un groupe de catholiques français a ramené mi-novembre à Bartella une statue de la Vierge Marie. Libérée, cette ville chrétienne garde les traces des saccages auxquels s'est livré le groupe Etat islamique.

Article rédigé par Mathilde Lemaire - Benjamin Chauvin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
À Bartella (Irak), le père Benham dépose et consacre la statue de la Vierge Marie ramenée par des catholiques français (RADIO FRANCE / MATHILDE LEMAIRE)

Un orgue électrique défoncé gît sur les marches de l’église Saint-Georges. À l’intérieur, un incendie a tout noirci. Mi-novembre, une poignée de catholiques français a eu l’autorisation exceptionnelle de pénétrer dans Bartella, le temps de ramener sur cette terre irakienne une statue en porcelaine de la Vierge Marie. Tout un symbole dans cette ville chrétienne libérée fin octobre et située à une vingtaine de kilomètres de Mossoul, où le conflit féroce entre l'armée irakienne et le groupe État islamique est entré dans son 30e jour.

Saccagée et minée par les jihadistes, la ville est aujourd'hui déserte. D'un carton ordinaire, Franck sort cette statue blanche. "C'est un moment important pour nous", confie cet ingénieur de Versailles (Yvelines), qui travaille pour une ONG auprès de réfugiés chrétiens au Kurdistan. 

J'ai acheté cette Vierge à Lourdes. Tout naturellement, je l'ai transportée jusqu'ici

Franck, un catholique français

à Bartella

En Irak, dans Bartella libérée, des catholiques français ont ramené une statue de la Vierge Marie (RADIO FRANCE / MATHILDE LEMAIRE)

Les chrétiens de Bartella entre espérance et inquiétude

Au loin, le bruit sourd des combats résonne. Dans une petite chapelle en pierre, le prêtre de l’église, le père Benham, dépose et consacre sans attendre la statue de Marie en remplacement de l’ancienne, éparpillée en mille morceaux sur le sol. "C'est semer de l'espérance dans des petites choses discrètes, qui rejailliront dans les cœurs", commente Karine, une sœur dominicaine originaire d’Avignon, qui a fait le déplacement.

Ça va nous donner de la force pour reconstruire

Montasser, un chrétien irakien

à Bartella

"Ça fait du bien", commente Montasser, un fidèle irakien de 43 ans. Très ému, il raconte qu'il a été baptisé dans cette église, où il s'est rendu chaque dimanche... jusqu'à sa fuite il y a deux ans à l'arrivée de Daech. 

En Irak, des chrétiens de Bartella accueillent une statue de la Vierge Marie ramenée par des catholiques français (RADIO FRANCE / MATHILDE LEMAIRE)

Le père Behnam referme son livre de prière et range son encensoir. Cet instant à côté de la nouvelle statue lui a un peu redonné le sourire. Mais il n’a pas dissipé sa profonde angoisse pour l’avenir. "Nous sommes très inquiets, dit-il. Nous demandons au pouvoir irakien et à l’Europe de nous garantir une protection pour vivre ici en sécurité." 

Peut-être que dans un ou deux ans, l’enfer va recommencer. Avec un autre nom que celui de Daech

le père Benham, irakien

à Bartella

Le curé le sait : ni son église ni sa ville ne seront sécurisées et reconstruites pour Noël. "Peut-être serons-nous de retour pour Pâques", conclut-il avec espoir.

Des catholiques français amènent une statue de Marie à Bartella (Irak). Reportage de Mahilde Lemaire

L'église de Bartella (Irak) a été saccagée par les jihadistes du groupe État islamique (RADIO FRANCE / MATHILDE LEMAIRE)

L'église de Bartella (Irak) a été saccagée par les jihadistes du groupe État islamique (RADIO FRANCE / MATHILDE LEMAIRE)

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