De Lourdes à Bartella : près de Mossoul, une ville chrétienne retrouve sa Vierge Marie
Près de Mossoul (Irak), un groupe de catholiques français a ramené mi-novembre à Bartella une statue de la Vierge Marie. Libérée, cette ville chrétienne garde les traces des saccages auxquels s'est livré le groupe Etat islamique.
Un orgue électrique défoncé gît sur les marches de l’église Saint-Georges. À l’intérieur, un incendie a tout noirci. Mi-novembre, une poignée de catholiques français a eu l’autorisation exceptionnelle de pénétrer dans Bartella, le temps de ramener sur cette terre irakienne une statue en porcelaine de la Vierge Marie. Tout un symbole dans cette ville chrétienne libérée fin octobre et située à une vingtaine de kilomètres de Mossoul, où le conflit féroce entre l'armée irakienne et le groupe État islamique est entré dans son 30e jour.
Saccagée et minée par les jihadistes, la ville est aujourd'hui déserte. D'un carton ordinaire, Franck sort cette statue blanche. "C'est un moment important pour nous", confie cet ingénieur de Versailles (Yvelines), qui travaille pour une ONG auprès de réfugiés chrétiens au Kurdistan.
J'ai acheté cette Vierge à Lourdes. Tout naturellement, je l'ai transportée jusqu'ici
Les chrétiens de Bartella entre espérance et inquiétude
Au loin, le bruit sourd des combats résonne. Dans une petite chapelle en pierre, le prêtre de l’église, le père Benham, dépose et consacre sans attendre la statue de Marie en remplacement de l’ancienne, éparpillée en mille morceaux sur le sol. "C'est semer de l'espérance dans des petites choses discrètes, qui rejailliront dans les cœurs", commente Karine, une sœur dominicaine originaire d’Avignon, qui a fait le déplacement.
Ça va nous donner de la force pour reconstruire
"Ça fait du bien", commente Montasser, un fidèle irakien de 43 ans. Très ému, il raconte qu'il a été baptisé dans cette église, où il s'est rendu chaque dimanche... jusqu'à sa fuite il y a deux ans à l'arrivée de Daech.
Le père Behnam referme son livre de prière et range son encensoir. Cet instant à côté de la nouvelle statue lui a un peu redonné le sourire. Mais il n’a pas dissipé sa profonde angoisse pour l’avenir. "Nous sommes très inquiets, dit-il. Nous demandons au pouvoir irakien et à l’Europe de nous garantir une protection pour vivre ici en sécurité."
Peut-être que dans un ou deux ans, l’enfer va recommencer. Avec un autre nom que celui de Daech
Le curé le sait : ni son église ni sa ville ne seront sécurisées et reconstruites pour Noël. "Peut-être serons-nous de retour pour Pâques", conclut-il avec espoir.
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